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miracle, en vérité, que des conflits sanglants n’aient pas encore éclaté : grâces en soient rendues aux admirables soldats français et belges et à leurs chefs. Voyons les grandes phases et les traits dominants.

Nous sommes dans la période d’organisation ; elle est difficile ; elle sera longue. M. Paul Tirard, Président de la Haute Commission interalliée à Coblentz, rappelait, dans un entretien avec M. Philippe Millet, du Petit Parisien, qu’en 1921 il fallut quatre ou cinq mois pour que le cordon douanier, établi le long du Rhin à titre de sanction économique, fonctionnât normalement et produisît tout son effet : c’est d’ailleurs le moment qui fut choisi pour le supprimer. La question capitale, c’est l’organisation des transports. La grève intermittente et sporadique des cheminots allemands, tant dans la Ruhr qu’en Rhénanie, a désorganisé les services : il faut que le dévouement des employés français et belges appelés à les remplacer se multiplie dans des conditions difficiles pour remettre en mouvement l’organisme faussé. A peine sommes-nous parvenus à amener en France cinq ou six mille tonnes de charbon par jour au lieu des 40 000 qui y pénétraient avant l’entrée des troupes dans la Ruhr. Nous ne pouvons disposer que de la ligne de Dusseldorf à Aix-la-Chapelle ; l’accord que M. Le Trocquer et le général Payot viennent de négocier à Londres et mettent au point sur place avec les autorités anglaises de Cologne, va permettre aux trains de charbon d’emprunter une seconde voie par Neuss, Duren, Aix-la-Chapelle ; de plus, les trains militaires de ravitaillement pourront, dans certaines conditions, utiliser les trois lignes qui traversent la zone anglaise. C’est un point capital, et il convient de savoir gré au Gouvernement de M. Bonar Law de s’être prêté à un arrangement conforme à l’esprit du Traité de Versailles et des conventions annexes. Le transport du charbon ne saurait d’ailleurs prendre actuellement une grande intensité en raison de la résistance des mineurs allemands pour les opérations d’extraction de la houille et de chargement des wagons. La Haute Commission interalliée et le général Dégoutté, chacun dans sa sphère d’action, ont mis à exécution les dispositions arrêtées par les Gouvernements français et belge pour interdire la sortie des produits fabriqués dans la région occupée à destination de l’Allemagne non occupée ; le personnel allemand des douanes a été licencié et partiellement remplacé ou encadré par des agents français et belges ; cette mesure est complète depuis le 20 février. Les postes de contrôle à la périphérie orientale de la zone occupée sont devenus des postes de blocage qui s’opposent à la sortie des marchandises non munies soit