d’obnubiler le peu de jugement que lui laisse cet instinct de la discipline et du caporalisme qui est le trait dominant de son caractère national. Et sa haine impuissante s’écoule en un torrent de calomnies et de mensonges : natum mendacio genus !
De cette souffrance du peuple allemand, les Alliés ne sont nullement responsables, si ce n’est pour avoir battu les armées impériales ; notre intérêt a toujours été et est encore de voir une Allemagne prospère, donc capable de payer et résolue à le faire, pourvu qu’elle soit matériellement et surtout moralement désarmée. Il saute aux yeux que si nous avions consenti au Reich un moratorium de quatre ans sans gages, comme il le réclamait et comme le Gouvernement anglais nous conseillait de l’accorder, nous nous serions trouvés, au bout de ce temps, en face d’un refus de payer ou d’une nouvelle guerre. Mais l’initiative, nécessaire et conforme à la lettre et à l’esprit du Traité, de M. Poincaré, a démasqué la manœuvre et crevé l’abcès en formation ; et c’est ce que Allemands et germanophiles ne nous pardonnent pas. Ce sont les Allemands qui, par leur résistance injustifiée, ont choisi et donne à une prise de gages très simple et sans dommages pour personne, le caractère d’une guerre. Les Anglais y ont largement contribué en ne nous apportant, à la Conférence de Paris, que des moyens dérisoires d’obtenir le paiement de nos réparations. Tels sont les responsabilités et les responsables. Il n’est pas vrai non plus que nous soyons allés dans la Ruhr avec l’intention, ni même avec le secret désir d’y rester. Mais il est certain que les Gouvernements allemand et anglais prennent aujourd’hui les moyens les plus directs pour nous obliger à nous installer en Rhénanie, à organiser le pays, à aménager sa vie économique, à assurer sa sécurité et la nôtre, à opérer la « déprussianisation. » Lorsque des Allemands auront localement accepté de travailler avec nous,— et déjà quelques-uns le font, — nous ne pourrons plus partir sans leur assurer protection contre les représailles de Berlin. Est-ce ce résultat que cherchent le Gouvernement du Reich et celui de Grande-Bretagne ? C’est cependant la moisson que ne peut manquer de donner la semence qu’ils jettent au vent.
Négligeons les incidents de la lutte, si pénibles et caractéristiques qu’ils soient. Chaque jour nous apporte la nouvelle que quelques soldats français ont été attaqués, molestés, blessés, des sabotages criminels commis sur les voies ferrées, de graves vexations contre des Français voyageant en Allemagne (un ménage français est resté dix jours en prison à Berlin sans motif), des expulsions ordonnées. C’est