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que la musique seule y pouvait répandre. Une comédie de famille aussi. Comme disait un jour Faguet, c’est le grand procédé classique. « Voyez Œdipe roi, Electre, le Roi Lear, Tartuffe, les Femmes savantes, le Père Goriot. Les drames sont dans les actions et réactions d’êtres humains étroitement serrés les uns contre les autres, par conséquent dans les relations familiales. Il y a un drame, au moins, dans chaque famille. » Il peut également y avoir une comédie. C’est une comédie de ce genre dont le Cimarosa du Mariage secret et le Verdi de Falstaff, à cent ans d’intervalle, ont écrit la musique.

Le petit théâtre que dirige M. Louis Masson est un brave petit théâtre. L’orchestre, fort bien conduit l’autre soir par le directeur lui-même, n’est pas moins agréable. Aimables aussi les deux tiers des six artistes du chant, d’un chant terriblement difficile. Un de mes grands, j’allais écrire un de mes gros souvenirs d’enfance est d’avoir entendu l’Alboni, au Théâtre Italien, dans le rôle de la tante Fidalma. Dans le rôle, et dans un fauteuil, que son embonpoint ne lui permettait plus de quitter. Elle chantait assise, d’une voix encore splendide, une voix de velours, et grande largeur, comme sa personne. Les trois dames du Trianon-Lyrique sont inégales de voix. Deux d’entre elles (dont le contralto) chantent mieux que la troisième. C’est un agréable ténor que M. José de Trévi, et M. Marrio, chanteur et comédien de la meilleure école, est quelque chose comme le Fugère du boulevard Rochechouart.


CAMILLE BELLAIGUE.