Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 13.djvu/891

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soit possible d’obtenir par leur seul examen un résumé de la situation financière de l’entreprise. La fortune de l’entrepreneur, non engagée dans l’entreprise, ne doit pas entrer en ligne de compte. Le bilan sera accompagné de renseignements fondés sur les pièces justificatives, inventaires, comptes courants, frais d’exploitation et frais commerciaux, mais la production de ces pièces n’est pas obligatoire.

Les ouvriers ont estimé que ce texte consacrait un échec complet de leurs prétentions. Ils auraient voulu avoir connaissance non du bilan ordinaire, qui ne peut leur donner aucune précision sur la situation réelle de l’entreprise, mais d’un exposé clair et détaillé de toutes les opérations financières.

D’autre part, ils ont satisfaction en ce qui concerne leur admission au Conseil de surveillance. Le projet de loi qui a été soumis au Reichstag à ce sujet précisait que leurs délégués y auraient les mêmes droits que les autres membres du Conseil. Il a été adopté au commencement de 1922.

En somme, les lois qui règlent jusqu’à présent le fonctionnement des Conseils d’entreprise expriment un compromis entre les prétentions ouvrières et les résistances patronales : conséquence naturelle de la place tenue dans l’Assemblée par le parti socialiste. Au nombre de 185 sur 421, les représentants des ouvriers ne peuvent pas imposer leurs idées ; mais le Gouvernement, quel qu’il soit, est forcé d’en tenir compte.

A cette occasion, la bourgeoisie allemande a montré une aptitude singulière à s’adapter aux circonstances. Lorsqu’elle eut constaté l’impossibilité d’arrêter le courant, elle s’est efforcée de le diviser et de l’affaiblir et y a réussi. Elle pouvait d’ailleurs ne pas s’effrayer trop de cette nouveauté, ayant déjà l’habitude de collaborer avec les ouvriers dans les associations communes qui réunissent les groupements patronaux et les syndicats ouvriers. Créées au début de 1918 en vue de parer aux conséquences de la guerre, ces « communautés de travail » ont pris une grande extension.

De leur côté, les syndicats ouvriers, si puissants en Allemagne, ont tout de suite précisé leur attitude à l’égard des Conseils. Notons que la loi stipule nettement que ceux-ci doivent garder le rôle d’organismes auxiliaires des syndicats. Leurs décisions restent toujours subordonnées aux dispositions des contrats collectifs intervenus entre les organisations patronales