La formation de la Légion n’est, pour les Hongrois, qu’une question secondaire, la principale pour eux est l’insurrection. Malheureusement, les préparatifs que celle-ci nécessite sont entravés par l’état des Principautés. Votre Altesse ayant vu M. Bratiano, chef du parti avancé, pouvant interroger M. Balatchano qui lui remettra cette lettre, en saura autant et plus que moi. Le prince Couza, devant faire fonctionner une constitution absurde et impossible en présence d’intérêts hostiles, combattu par l’influence des Grandes Puissances qui l’entourent, ne trouvant d’appui nulle part, ne sait que faire, il suit une marche incertaine qui risque de le conduire, lui et son pays, à une ruine complète. Cela serait très fâcheux pour la France qui a pris sous sa protection le Prince et les Roumains ; cela aurait des conséquences fatales pour la cause de la Hongrie. Je pense que ce danger pourrait être évité, si la France prenait à son égard une position nette et lui traçait d’une manière précise la marche qu’il doit suivre. Au contraire, les agents de cette Puissance lui donnent les conseils les plus disparates. Le consul de Bucarest l’engage à l’immobilité, tandis que celui de Jassy le pousse pour le faire aller grand train. M. Bratiano et M. Balatchano m’ayant demandé quel était le plus fidèle représentant des idées de l’Empereur, j’ai répondu sans hésiter que c’était M. Place ; mais je crains bien que les dépêches de M. Walewski ne contredisent cette assertion. Si Votre Altesse pouvait obtenir de l’Empereur que le consul de Bucarest, qui veut défranchiser (?) une personne alliée aux familles hostiles au Prince, fût remplacé par un second M. Place, je crois que le Prince pourrait encore marcher jusqu’à ce que la guerre ou les négociations amènent une modification à l’organisation qui a été imposée aux Principautés.
Il est une autre question relative à la guerre qui a pour nous une bien autre importance. Il serait difficile et trop long de la traiter par écrit. J’en ai causé avec M. Cipriani qui lui rendra compte de ma manière de voir à cet égard.
Gramont et Walewski sont parvenus à embrouiller les questions des Romagnes d’une singulière manière. Gramont, après avoir donné à Pepoli des instructions tout à fait révolutionnaires, après être venu me les communiquer au milieu de la nuit, jette maintenant feu et flamme contre le mouvement de Bologne et des autres villes des Légations. Il crie au sacrilège, à