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gendre, le prince Napoléon, à qui sont confiées par l’Empereur des Français d’importantes opérations militaires. »

Mais, durant que l’armée franco-sarde, après son premier succès à Montebello, poursuivait sa marche offensive, le prince Napoléon était réduit à des tâtonnements sans parvenir à organiser les cinq ou six mille hommes qui, sous le général Ulloa, formaient l’armée toscane et que flanquait un corps de volontaires romagnols sous les ordres du général Mezzacapo. Pour se rendre compte des difficultés de la situation, il profita du premier jour où il eut une brigade française à sa disposition pour se diriger immédiatement sur Pistoia, en lançant des détachements aux Bains de Lucques à San Marcello. Le 28 mai, accompagné de son état-major, il se rendit lui-même à Pistoia afin de s’assurer que les Autrichiens dont on avait annoncé la présence à Cello-Pelago, n’avaient point d’intentions immédiatement offensives.

Le 31 mai, le jour de Palestro, le Prince transporta son quartier général à Florence : il chargea son premier aide de camp, le colonel de Franconière, de porter à l’Empereur un état détaillé de la situation. L’Empereur approuva complètement les dispositions prises par le Prince et lui fit savoir qu’il eût jusqu’à nouvel ordre à rester à Florence, avec la 2e division du 5e corps (deux brigades d’infanterie et une brigade de cavalerie). On pouvait croire qu’elle aurait à y jouer un rôle de quelque importance, mais la victoire de Magenta avait pour le moment décidé la question, le feld-maréchal de Wimpffen évacuait Parme, Plaisance, Pavie, [Bologne, Ancône. Le Prince reçut l’ordre de concentrer son corps d’armée à Plaisance où la division d’Autemarre devait rejoindre la division Uhrich.

Les lettres de Cavour montrent assez au milieu de quelles difficultés et de quels embarras le Prince dut se débattre :


Turin, 8 juin 1839.

Monseigneur,

Tous les matins depuis quelque temps, je prends la plume pour répondre à la lettre dans laquelle Votre Altesse trace d’une manière si vive et si frappante le tableau de la Toscane, et, chaque fois, je la dépose dans l’espoir, le lendemain, de lui annoncer un remède aux maux qu’elle signale. Mais les jours passent, et j’ai beau chercher, je ne trouve pas le secret de sortir cette partie de l’Italie du triste état où elle est plongée. Je prends donc le parti de ne plus attendre pour remercier Votre Altesse de sa lettre, précieux document historique, et de [peut-être] m’unir à elle pour déplorer ce qui se passe sur les bords de l’Arno.

En Toscane, nous avons fait fausse route dès les premiers