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on aperçut, parmi les victimes qui couvraient le sol, Alexandre II renversé à terre, essayant de s’appuyer sur les mains, le visage meurtri, le manteau arraché, les jambes nues et broyées, perdant le sang à flots, avec des lambeaux de chair autour de lui. Ses yeux ouverts ne voyaient plus ; ses lèvres balbutiaient vaguement : « Secourez-moi !... L’héritier est-il vivant ?... Portez-moi au Palais,... et là, mourir. »

A grand peine, on l’installa sur le traîneau du colonel Dworjitsky et on le ramena, mourant, au Palais d’hiver.


La princesse Youriewsky était assise tranquillement chez elle, en chapeau et manteau, attendant son époux, lorsqu’un domestique entra soudain, effaré :

— Princesse, venez vite, vite !... Sa Majesté se trouve mal !

Sans perdre un instant sa présence d’esprit, elle courut à une armoire qui renfermait quelques médicaments dont. Alexandre-Nicolaïéwitch usait parfois et, les ayant remis au domestique, elle descendit précipitamment vers le cabinet de l’Empereur.

Le lugubre cortège y entrait en même temps.

Les cosaques déposèrent leur fardeau inerte et sanglant sur le lit qu’on venait de router au milieu de la chambre. Avec une rare fermeté d’âme, la princesse dirigea tous les premiers soins, frictionnant les tempes du blessé avec de l’éther, lui faisant respirer de l’oxygène, aidant même les chirurgiens à bander les jambes pour arrêter l’intarissable hémorragie.

Le Césaréwitch et la Césarewna, les grands-ducs et les grandes-duchesses, qui venaient d’arriver, lui abandonnaient la première place au chevet de la couche impériale. Mais la respiration de l’agonisant ne se percevait déjà plus que par intervalles et ses pupilles n’accusaient aucune réaction à la lumière. Profitant d’une minute où il semblait se ranimer un peu, l’archiprêtre Rojdestwensky lui administra les derniers sacrements. Puis, de nouveau, ce fut l’insensibilité complète.

A trois heures et demie, les doigts de la femme qu’il avait tant aimée lui fermèrent les yeux pour toujours. Et, sous cette pression douce, il rendit l’âme.


Instantanément, par la vertu immanente du droit monarchique,