achever de se ruiner, quand il ne tient qu’à elle de recevoir régulièrement le charbon de la Ruhr ! Si les grèves venaient à se généraliser, l’Allemagne, par défaut de charbon, serait acculée à une catastrophe et devrait capituler ; si elles ne se généralisent pas, la politique franco-belge est d’ores et déjà assurée du succès.
A toutes les mesures de résistance édictées par le Reich et surveillées par le ministre Hermès installé à Munster, ont répondu des représailles de l’autorité militaire franco-belge. Le 15, l’occupation est étendue sans difficulté à tout le bassin de la Ruhr, y compris Dortmund. Les propriétés de l’État allemand, les mines fiscales, ont été saisies ; les industriels qui ont refusé d’obtempérer aux injonctions de l’autorité militaire ont été arrêtés et déférés à un conseil de guerre ; la force armée a empêché la fermeture et le déménagement des banques ; sur la rive gauche du Rhin, l’exploitation des forêts au profit des réparations a commencé malgré la résistance des hauts fonctionnaires ; des expulsions ont déjà été décidées par la haute commission de Coblentz ; s’il devient nécessaire d’isoler du reste du Reich la Rhénanie et la Ruhr, nous n’hésiterons pas à établir un cordon douanier autour des régions occupées ; et si le Reich pense nous gêner en sevrant ces mêmes provinces de son papier déprécié, nous créerons, pour la circonstance, une monnaie garantie par les banques et les chambres de commerce, qui n’aura pas de peine à faire prime sur le mark-papier. Ces opérations se sont accomplies avec un minimum inespéré d’incidents ; jusqu’ici, malgré les excitations de la presse du Reich, les populations sont restées calmes ; en deux endroits, à Bochum et près de Dortmund, des postes français assaillis, menacés d’être enlevés, ont été contraints de faire usage de leurs armes ; deux Allemands ont été tués. Les correspondants de journaux anglais et américains ont été unanimes à rendre justice à la patience et à la prudence des soldats français et belges. Toutes les mesures de sécurité sont prises ; il reste à assurer la bonne répartition des charbons et la circulation des trains et des bateaux. L’œuvre, militaire est achevée, l’œuvre économique est en voie de réalisation
Il s’est produit en Angleterre, depuis l’occupation de la Ruhr un revirement que la France constate avec une profonde satisfaction : la vraie nation anglaise, celle qui a fait et gagné la guerres avec nous, la nation loyale et véridique, s’est révélée et fait entendre sa voix. Le jour même de l’occupation, le Daily Mail publiait une sorte de communiqué officieux qui définissait l’attitude du Gouvernement : « La politique du Gouvernement britannique