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Mais je m’avise de présenter mes compliments à M. le général Henrys qui commande, dans ce secteur détaché de celui de Mayence, le 33e corps, et que j’ai l’honneur de connaître depuis longtemps. Cela change tout, au moins en ce qui me concerne. J’erre dans la ville, — d’ailleurs charmante, — à la recherche de l’hôtel du commandant en chef, que personne ne sait m’indiquer. En revanche, j’ai la chance heureuse de voir défiler le personnel de deux batteries d’artillerie lourde : hommes superbes, portant haut la tête, qui marchent fort bien au son des trompettes. Ah ! Cette marche de l’artillerie française qui évoque chez moi les plus lointains et les plus chers souvenirs d’enfance, cette marche alerte, décidée et grave en même temps, quel frisson elle me donne aujourd’hui, ainsi entendue dans une ville du Rhin, au milieu de passants rangés sur les trottoirs, silencieux, attentifs… Je suis justement tout près de la petite maison de Beethoven, qu’à mon grand regret je n’aurai pas le temps de visiter… Que d’impression vives, que de sentiments profonds ! On a beau dire, c’est quelque chose que la gloire, c’est quelque chose que la victoire, — même « sabotée, » — quand cette victoire est celle de la plus juste cause, celle d’un peuple qui a dû défendre son existence contre l’inique agression provoquée par ces Germano-Slaves de l’Elbe et de la Sprée que Smeets va flétrir tout à l’heure.


Il m’a fallu une heure, guère moins, pour atteindre la belle villa du général Henrys.

Le commandant du 33e corps s’intéressait beaucoup à la question du Congrès. Il voulut bien m’assurer que toutes mesures étaient prises pour que les violences qui avaient marqué, de la part de la police prussienne, la fin du premier Congrès, en 1921, ne pussent se renouveler. D’ailleurs, les décisions adoptées par la Haute-Commission interalliée, sur l’initiative de notre représentant, avaient porté leurs fruits. M. Smeets et ses partisans étaient couverts d’une efficace protection.

Et la question des gages ? Et l’occupation, — ou l’encerclement, — de la Ruhr ?… On s’en entretint, certes, pendant le déjeuner, mais le lecteur ne s’étonnera pas si je me borne à dire que « le 33e corps était prêt à exécuter toutes les missions que le Gouvernement français voudrait lui confier… »

À deux heures, le général mettait gracieusement à ma disposition