merveilleux. » De ces traditions, sans doute, l’islamisme familiarisé avec elles avait pu être le véhicule.
Mais une sorte de roman géographique du IXe siècle, écrit par un Juif de la tribu de Dan, qui aurait été de Kairouan au pays des Anthropophages, parle d’un Empire juif saharien qui s’étendait sur deux cents journées de marche. Selon Eldad le Danite, il y avait, de l’Atlas au Niger, une langue apparentée au phénicien, une religion qui était celle de Josué, un empereur appelé ailleurs Tloulan ben Tiklan, qui mourut octogénaire en 836.
Quoi qu’on puisse penser de cet empire, les Juifs pullulaient au Moyen âge dans les oasis : à Touggourt ; à Ouargla ; dans le Tafilelt ; dans le Touat, où de nouveaux venus lurent sur des pierres tombales qu’ils avaient été précédés par des coreligionnaires, l’an 4429 d’Adam, au VIIe siècle de notre ère ; dans le Seguiet el Hamra, aux abords de « la montagne de Mànân aux pierres éblouissantes qui touchait à l’Océan ; » dans le djebel tripolitain, où subsiste un idiome hébraïque mêlé d’araméen ; sur les bords du Sénégal enfin, où de nombreux individus parmi les tribus maures présentent encore « un type hébraïque fort accusé. »
De cette civilisation disparue, les pierres portent témoignage ; car les Juifs, au désert comme dans les empires évanouis, s’étaient fait une renommée comme maçons. A Sidjilmassa, encore que la capitale du Tafilelt ne soit plus que ruines, un dédale de canaux aux solides murs en briques, coupés de ponts aux voûtes bien ajustées, témoigne de la capacité des constructeurs. Sur le pilier d’un puits du Touat, une inscription hébraïque indique qu’il date de l’an 5089, soit 1329 de notre ère. Et naguère, sur les bords du Niger, M. Bonnel de Mézières retrouvait les vestiges d’une colonie de Beni-Israël qui avait creusé des centaines de puits pour l’arrosage des jardins. Ces puits étaient encore tels que les décrivait, plusieurs siècles auparavant, la chronique nigérienne de Gao, avec leurs parois maçonnées de pierres ferrugineuses et enduites de beurre de karité, que l’action d’un feu très vif avait rendues aussi résistantes que la fonte.
Du temps de saint Jérôme, les colonies juives formaient de la Mauritanie aux Indes une chaine ininterrompue, dont Ibn Khordadbeh constate l’existence en 817. « Les marchands juifs nommés Rodanites parlent l’hébreu, le persan, le roumi, l’arabe