sans recours possible, toute mesure nécessaire au maintien de l’ordre. Parmi ces potentats, le Tsar avait tenu à inscrire trois des généraux qui s’étaient le plus distingués pendant la dernière guerre, le général Todleben, qui s’était emparé de Plewna, le général Gourko, qui avait le premier franchi les Balkans, le général Loris-Mélikow, qui avait enlevé l’imprenable citadelle de Kars.
Ayant ainsi pourvu aux décisions urgentes, l’Empereur partit, le 24 avril, pour Livadia ; l’Impératrice l’accompagnait, haletante et décharnée, le Visage d’une pâleur mortelle avec des yeux brûlés de fièvre.
La princesse Dolgorouky s’était mise en route la veille, afin qu’il la trouvât tout installée, toute fraîche et reposée, dans leur chère villa de Buoÿouk-Séraï.
Mais, pour le Tsar-Autocrate, pour le maître absolu de l’Empire, ce n’était pas l’heure de s’attarder aux enchantements de la volupté dans le jardin d’Armide.
Il dut revenir bientôt dans sa capitale, où la lutte engagée contre le nihilisme réclamait sa présence. Le ministre de l’Intérieur, Makow, le ministre de la Justice, Nabokow, le ministre de la Guerre, général Milioutine, et le chef de la Chancellerie secrète, général Drenteln, secondés par les six gouverneurs généraux, menaient cette lutte avec une intrépide énergie. Au terrorisme révolutionnaire, ils opposaient le terrorisme gouvernemental. On accrut encore la puissance des moyens répressifs, en abrégeant les procédures. D’après l’ukaze du 17 août 1879, toute personne, accusée d’un crime politique, put dorénavant être jugée sans enquête préalable, être condamnée sans l’audition d’aucun témoin, être exécutée sans la garantie suprême d’un pourvoi en cassation. La rigueur de ces mesures parut efficace. Vers la fin de l’été, les nihilistes ne faisaient plus parler d’eux ; l’épidémie d’assassinat semblait enrayée.
Profitant de cette accalmie générale, Alexandre II repartit, au début de septembre, pour la Crimée, avec l’intention d’y résider jusqu’à l’hiver.
La Tsarine, arrivée au dernier état de l’épuisement, se reposait à Kissingen, avant de se rendre à Cannes, où elle