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La situation de la Toscane et des Duchés préoccupe beaucoup l’Empereur ; la conclusion de longs raisonnements que nous avons faits, est que vous agissiez énergiquement pour obtenir formation de Gouvernements provisoires nationaux d’hommes modérés, mais très fermes ; que ces nouveaux pouvoirs demandent, au nom de leurs peuples, intervention du Piémont, et à la France de venir les défendre contre les Autrichiens. S’ils insistent, cela nous donnera une apparence de droit, si nous voulons y envoyer des troupes. Il faudrait que cela fût fait immédiatement.

Votre projet d’envoyer général Ulloa, comme dictateur militaire, ne me paraît pas bon. Ce général peut y aller comme appelé par le Gouvernement provisoire, pour être chargé de commander les troupes, mais il faut que les Gouvernements provisoires soient composés d’hommes du pays et non d’étrangers.

Envoyez de suite les noms des hommes qui sont à la tête du mouvement dans la Toscane et les Duchés.


Cavour répond immédiatement le 28 :

Tout s’est passé parfaitement en Toscane ; le Gouvernement provisoire est formé de Peruzi, Malemluini et du major Tanzini, tous natifs de Toscane, hommes d’ordre et d’énergie.

La Toscane demande l’intervention du Piémont ; elle demandera aussi celle de la France. Nous n’acceptons pas dictature, mais accordons protection pour l’ordre public et la guerre. Ulloa n’aura aucune autorité hors du commandement des troupes. Comme il faudra les mettre en mouvement pour éviter qu’elles se démoralisent, nous pouvons avoir besoin d’une frégate, si l’on nous demande appui avec démonstration, maintien de tranquillité à Livourne. Il sera bon que vous ayez à Florence un ministre de confiance et d’énergie. Nous avons publié dans la Gazette officielle l’ultimatum de l’Autriche et notre réponse, en ajoutant que, depuis le 26, à cinq heures et demie, nous nous regardons comme en état de guerre avec l’Autriche.

Le maréchal Baraguey pas encore arrivé ; serait urgent, si l’on est attaqué demain, que les troupes françaises à Grenoble partent sans délai pour prendre position au débouché de la Scrivia [1].

  1. Probablement une erreur ; ce doit être Gênes. (Note du Prince.)