élégamment dirigé par M. Reynaldo Hahn, a joué constamment trop bas, je veux dire trop au-dessous de la scène ; on en perd ainsi les détails, et même, par moments, le principal. L’ « abime mystique, » où depuis Wagner il est plongé, ne convient pas à l’orchestre de Mozart.
Il est parfaitement vrai, bien que tout le monde Fait dit, que la Flûte Enchantée diffère des autres opéras de Mozart en ceci, que l’inspiration et la forme en sont plus purement allemandes. Le génie italien y a beaucoup moins de part. Allemande, l’ouverture, et comme pas une ouverture de Mozart ne l’avait encore été. Seule entre toutes elle est fuguée, elle est presque une fugue, et sans doute la moins scolastique, la plus libre au contraire, la plus vive, la plus étincelante, une fugue pourtant. Quelqu’un (M. Julien Tiersot, croyons-nous), observe avec raison que l’introduction, la première phrase de Tamino poursuivi par le serpent, se développe sans répétition ni symétrie. Rien ici qui ressemble à un « air » classique. Au cours de l’opéra, des chansons populaires, d’esprit et de style viennois, fleurissent sur les lèvres de Papageno, l’oiseleur. C’est presque un lied à deux voix que le célèbre duo du même Papageno avec Pamina. Le duo des hommes d’armes, gardiens du temple, a le caractère, tous les caractères, mélodique, rythmique et autres, d’un choral de Sébastien Bach. A la façon dont se pose le chant, dont les basses cheminent, on reconnaît l’influence et comme l’héritage du vieux cantor. Wagner enfin, — et le Wagner de Parsifal même, — n’est-il pas annoncé, promis à sa patrie par une œuvre dont le sujet véritable, et symbolique, consiste dans l’initiation, par des épreuves et des rites qui purifient, aux derniers mystères de l’âme, aux miracles de la lumière et de l’amour ?
National, allemand, ou plutôt, — la distinction n’est pas négligeable, — autrichien par la forme, par le sentiment le chef-d’œuvre de Mozart est universel. On connaît le spirituel album de Tôpffer où, sous la direction de leur instituteur, les jeunes Crépin apprennent à procéder du particulier au général. Ainsi procède le Mozart de la Flûte Enchantée, et nous, en l’écoutant, pour bien l’entendre, nous devons procéder de même. Mais que « le particulier » est donc ici peu de chose ! On a tout dit du livret de la Flûte Enchantée, même du bien, et l’on n’a pas eu tort. Ce qu’on ne saurait trop dire, ou redire, c’est que cette histoire où la féerie, la franc-maçonnerie, la philosophie, la morale, la poésie, voire l’enfantillage et la niaiserie se mêlent, cette histoire atteste mieux que pas une autre la puissance de la musique, puissance vraiment créatrice qui