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gangue. Mais il avait un inconvénient grave, c’est la durée de l’opération nécessitant plusieurs mois et, par suite, l’énormité des intérêts perdus sur ces capitaux inutilisés. Si l’on réfléchit que le wagonnet (load) de roche diamantifère peut facilement valoir une trentaine de francs et que l’extraction annuelle a été longtemps de 2 millions de loads, portés à plus de 6 millions dans la période 1918-1920, on calculera aisément les intérêts correspondant chaque année au stock de roche immobilisée. C’est constamment quelque 100 ou 200 millions qui dorment. Il faut y ajouter les chances de vol, malgré toutes les précautions prises. Aussi, sans abandonner l’étalage sur les floors, lui a-t-on peu à peu adjoint, sur une échelle de plus en plus forte, une opération de broyage consécutif, essayée d’abord sur les fragments les plus durs qui échappaient à l’altération, étendue ensuite vers 1890 à la roche rendue plus tendre par un commencement de décomposition. L’idée de broyer la roche diamantifère apparaissait au premier abord un peu hardie, puisqu’il faut avant tout éviter de casser les diamants. Mais on s’est rendu compte qu’on échappait à ce péril par une série de broyages progressifs, avec triages intercalés. Entre un broyage réduisant par exemple à la grosseur d’une pomme et un autre divisant le minerai en noix, on soumet les fragments à un examen très attentif, dans lequel on met de côté tout échantillon, sur lequel apparaît l’indice d’un diamant. Les brisures ont, du reste, tendance à se faire suivant les faces de séparation entre les diamants et la gangue plutôt que dans l’intérieur des diamants.

Reste donc à extraire les pierres précieuses de la roche en partie décomposée et réduite en fragments plus ou moins gros, ou, finalement, en une sorte de sable. De nombreux appareils, dans le détail desquels je n’entrerai pas, ont été imaginés pour y parvenir. Ils sont analogues à ceux que l’on utilise couramment dans les mines métalliques pour séparer les divers minerais entre eux et les débarrasser de leurs gangues. Le principe général consiste à utiliser la densité différente des substances que l’on veut trier. Un mélange étant projeté dans une cuve pleine d’eau, ou secoué dans cette cuve, on obtient au fond des couches séparées par ordre de densité. On utilise également des tables tournantes en forme de cône, sur lesquelles la « lavée » arrive en haut et dépose ses diverses substances réparties en un