Le 22 août 1832, Balzac quittait donc ses amis Carraud pour répondre à l’appel de la marquise de Castries qui l’attendait à Aix-les-Bains, en Savoie. Il fit route par Limoges, puis Lyon, et, pour mieux voir les paysages, prit place à l’impériale. Malencontreuse idée ! Entre Limoges et Lyon au relai de Thiers, en Puy-de-Dôme, son pied glissa sur le marchepied d’en haut, et le fer, coupant blouse, botte et pantalon, lui fit un trou à l’os de la jambe droite. Il dut terminer le voyage étendu sur des couvertures : c’est en un tel équipage qu’il débarqua aux eaux d’Aix pour faire sa cour à la marquise de Castries, née Claire-Clémence-Henriette-Claudine de Maillé, alors âgée de trente-six ans.
Mme de Castries avait retenu pour le voyageur une jolie petite chambre de la maison Roissard, à deux francs par jour, d’où se découvrait toute la vallée avec la dent du Chat et le lac du Bourget. Assis à sa table dès cinq heures du matin, devant la fenêtre, Balzac travaillait seul jusqu’à six heures du soir. Le repas du matin venait du cercle, pour quinze sous : un œuf et une tasse de lait, sans oublier un bon café, que faisait confectionner Mme de Castries, très attentive aux goûts de son grand homme. A six heures, Balzac dînait chez la marquise et y passait la soirée jusqu’à onze heures : « C’est, disait-il, le type le plus fin de la femme : Madame de Beauséant en mieux. Mais toutes ces jolies manières ne sont-elles pas prises aux dépens de l’âme ? »
Entre temps, tous deux faisaient, en voiture à cause de la jambe blessée, quelque romantique promenade au lac du Bourget, tels Elvire