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et consulaires créait entre les deux Etats une situation vraiment insolite, « dont le maintien pouvait mettre en péril la la paix du monde. » A ce double titre, le Pérou aurait pu requérir l’application de l’article 19 du Pacte. Et le Pérou se taisait, paraissant attendre que la Société des Nations, après les tâtonnements inévitables qui accompagnaient ses premiers pas, eut pris conscience de sa force.

C’est alors que le Chili proposa au Pérou d’effectuer le plébiscite prescrit par le traité d’Ancon. Dans sa réponse, le Gouvernement du Pérou invoqua d’abord la nécessité d’établir nettement la situation qui résultait de ce qu’il appela les violations du traité entre 1894, date indiquée pour le plébiscite, et 1922, date à laquelle il aurait lieu. Ces constatations faites, il conviendrait d’en établir la portée juridique et d’en déterminer les conséquences pratiques. L’article III du traité d’Ancon restait-il encore applicable, et le plébiscite était-il nécessaire pour le retour de Tacna et Arica à leur nationalité première ? Se rendant bien compte de la difficulté qu’éprouverait à se placer à ce point de vue l’État qui restait le vainqueur, le Gouvernement du Pérou réclamait ensuite l’arbitrage des États-Unis.

Peut-être une telle communication serait-elle restée sans réponse, si le président Harding, facilitant ainsi les pourparlers, n’avait invité les deux Puissances à envoyer des plénipotentiaires à Washington, qui, sur un terrain neutre et dans une atmosphère de cordialité, pourraient tenter d’arriver à une entente dans un litige qui n’avait que trop longtemps duré. Les deux États en contestation envoyèrent donc leurs représentants à Washington, mais le Gouvernement du Chili se refusa à y discuter avec la Bolivie, qui demandait à participer aux conférences : dans l’esprit de la chancellerie chilienne, il s’agit évidemment de régler l’exécution de l’article III du traité d’Ancon, et non de discuter sur les articles de ce traité, la cession de Tarapaca, par exemple, — et encore moins de réviser le traité de 1904 avec la Bolivie, dont l’exécution est complète et ne donne lieu à aucune contestation. Le Gouvernement américain, sollicité d’intervenir, allégua qu’il n’était ni juge ni partie dans la discussion et se récusa avec une scrupuleuse correction.

A la suite de discussions assez longues, les plénipotentiaires arrivèrent à rédiger dans un protocole le programme de la conférence qui permet d’espérer la fin du conflit. Tous les points