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comme sur le Rhin, comme partout, de ne pas la séparer de l’observation des traités et du respect du droit. » Puis l’Orient, où la paix avec les Tures n’est pas encore rétablie et où la France exerce, dans le Grand-Liban et en Syrie, « un mandat qui n’est ni un droit décolonisation, ni même un protectorat, mais une simple mission de guide et de conseiller. » Enfin la Conférence de Gênes ; le Président du Conseil fait l’énumération précise des résultats utiles obtenus dans les commissions et indique les écueils évités. « C’est le désir seul de maintenir l’entente cordiale qui nous a déterminés à nous rendre à Gênes. » Irons-nous à La Haye ? La question de la politique à suivre à l’égard du Gouvernement des Soviets a soulevé à la Chambre des tempêtes. M. Poincaré a, dans son discours, et, depuis, dans un mémorandum très complet qu’il a adressé à toutes les Puissances, précisé le point de vue français. Si la Conférence de La Haye devait être exclusivement, comme le demande le Gouvernement français, une réunion d’experts chargés d’étudier le problème russe et d’indiquer les moyens de venir au secours d’une nation qui meurt, elle bénéficierait du concours américain. Le Gouvernement et l’opinion, aux États-Unis, ont approuvé très nettement le point de vue soutenu à Gênes par la France et la Belgique ; leur pitié s’émeut pour le peuple russe, mais leur expérience leur a appris que tout débat de principe avec le Gouvernement bolchéviste est illusoire et dangereux. Or, l’invitation adressée au nom de M. Facta aux Puissances peut prêter à des interprétations diverses ; il y est question « d’experts, » mais aussi de « représentants » dont le caractère n’est pas déterminé. Préciser et délimiter le plan de travail de la Conférence de La Haye, c’est l’objet du mémorandum français, qui reçoit un accueil favorable même en Angleterre. Les Soviets ont lassé jusqu’à leurs amis ; il n’est personne qui ne doute que le premier et indispensable moyen de salut pour le peuple russe serait de changer son Gouvernement ou que son Gouvernement change de maximes. Est-il besoin de diplomates et d’experts pour découvrir une telle vérité ? Quand M. Poincaré aura reçu les réponses officielles à son mémorandum, il lui appartiendra de décider, avec le Parlement, si la France participera à la Conférence de La Haye.

En attendant, la remise à la ville de Verdun de la médaille décernée par « le Congrès et le peuple américain, » le 4 juin, a été, pour le Président du Conseil et pour l’éminent ambassadeur M. Myron T. Herrick, l’occasion d’affirmer, sur la tombe des héros, la fraternité indestructible des cœurs américains et français au-dessus des