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métapsychique. Mon vénéré maître, M. Richet.me pardonnera, j’en suis sûr, cette petite querelle philosophico-philologico-nigologique à propos de ce mot qui est d’ailleurs excellent et qui a déjà fait fortune.

De tout cela il ressort qu’il est bien difficile, sinon impossible, de définir et de nommer les phénomènes dont nous parlons. Il en est d’eux comme de la définition du temps donnée par saint Augustin et que M. Emile Picard rappelait spirituellement naguère à l’Académie des Sciences, lors d’une discussion des théories einsteiniennes : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si nul ne me le demande, je le sais ; si je cherche à l’expliquer quand on me le demande, je ne le sais pas. » Pareillement tout le monde sait de quels phénomènes on veut parler aujourd’hui quand on nomme les phénomènes « occultes » avec Grasset, ou la métapsychique avec M. Charles Richet. Tout en conservant ce dernier vocable qui est dès aujourd’hui classique et universellement adopté, je crois qu’on pourrait donner cette définition :

La métapsychique est l’étude des phénomènes exceptionnels qui paraissent produits par l’action de certains êtres vivants [1], et qui actuellement semblent échapper au déterminisme physico-physiologique et n’être pas réductibles aux agents mécaniques, physiques et chimiques connus.

Cette définition, comme d’ailleurs celles de M. Charles Richet, de Grasset et de Boirac, laisse intacte la possibilité de faire passer quelque jour tel ou tel phénomène du domaine métapsychique au domaine physique. Ces phénomènes, suivant la juste expression de Boirac, « attendent encore à la porte de la science le moment d’entrer. » Dès maintenant il y a toute une catégorie de choses qui naguère eussent été nécessairement classées dans la métapsychique et qui ont déjà franchi ce stade : ce sont tous les faits qui se rattachent a l’hypnotisme et à la suggestion. Cela ne nous empêchera pas d’en parler quelque jour.


Au siècle passé, beaucoup de penseurs éminents ont cru pouvoir dénier a priori toute possibilité d’existence aux phénomènes que nous appelons aujourd’hui métapsychiques. Parmi eux, il faut citer en première ligne le physicien Babinet et Littré qui, il y a quelque trois quarts de siècle, exposèrent à la Revue leurs idées dans des articles qu’il est bien intéressant de relire aujourd’hui.

  1. De la sorte on n’élimine pas a priori les animaux.