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REVUE SCIENTIFIQUE

POUR ABORDER LA MÉTAPSYCHIQUE

Le « merveilleux » est plus que jamais à la mode. Il semble que toutes les grandes catastrophes de l’humanité lui rendent la faveur des foules... supposé qu’il l’ait jamais perdue.

Je ne veux point parler ici seulement de l’exploitation de ce goût dans ce qu’il a de plus bassement mercantile : des tireuses de carte, des voyantes, des magnétiseurs dont les annonces encombrent les pages de publicité de certains journaux. Mais qui de nous n’a presque chaque jour, et jusque dans les salons les plus huppés, l’occasion d’entendre quelque femme, par ailleurs très distinguée et cultivée, narrer, dès qu’elle se sent en confiance, ce qu’on lui annonça la veille par le moyen du marc de café ou de quelque autre outil de la sorcellerie moderne ? A côté de l’industrie florissante et en somme assez anodine, de tous ces marchands, qu’il faut bénir peut-être, puisqu’ils vendent l’espérance et l’illusion, — ces deux béquilles de la souffrance humaine, — il y a dans le monde entier des réunions nombreuses, infiniment plus nombreuses qu’on ne croit communément, réunions parfaitement désintéressées d’ailleurs, où les spirites s’efforcent à communiquer avec l’au-delà

Tout cela prouve que jamais le goût du « merveilleux » n’a été plus cultivé que dans ce premier quart de notre moderne XXe siècle.

C’est là un fait qui étonnera peut-être certains « esprits forts, » mais c’est un fait certain, et rien n’est plus digne d’étude qu’un fait. D’ailleurs, on a observé depuis longtemps (déjà du temps des Romains) que les siècles les plus sceptiques sont souvent les plus crédules. Mesmer, comme Paul de Rémusat le remarquait ici même