Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/935

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
'LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

UNE
IDYLLE DE GERHART HAUPTMANN


ANNA, EIN LENDLICHES LIEBESGEDICHT. VON GERHART HAUPTMANN [1]


« Muses, prenez vos voix les plus douces et commencez un chant d’amour ! »

Ainsi débute le troisième « chant » de l’« idylle paysanne, » qui est le dernier ouvrage de M. Gerhart Hauptmann. L’auteur de la Cloche engloutie va avoir soixante ans. L’Allemagne s’apprête à célébrer son jubilé : la République allemande honore ses poètes. Le poète lui-même est aujourd’hui dans toute sa force. Parmi les deuils de sa patrie, il n’éprouve pas un doute. Ce temps de troubles lui semble un temps de renouveau. Avec le Palémon de Virgile, il prélude : « Dans les champs, dans chaque arbre, un immense enfantement travaille. La verdure envahit les bois et le merveilleux printemps. Incipe, Damoeta ! »

« Muses, prenez vos voix les plus douces et commencez un chant d’amour ! »

Ce genre du récit ou du roman en vers n’est jamais tombé tout à fait en désuétude chez nos voisins. L’Allemagne est toujours le pays d’Hermann et Dorothée. Elle célébrait, il y a quelques mois, la « semaine de Goethe. » Le poète d’Anna dépose sa gerbe de fleurs rustiques aux pieds de la statue de l’homme de Weimar. Ce souple et inquiet génie, ce « Protée, » comme

  1. 1 vol. in-8o, Berlin, S. Fischer édit., 1921.