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perdus des groupements d’infanterie formés des restes de cinq ou six régiments différents. Le front est « dissocié, » on n’en retrouve que des parcelles.

Les trois divisions du corps de cavalerie se déploient.

L’ennemi est arrêté d’abord, contre-attaque ensuite.

Deux brigades des 5e et 2e divisions se jettent sur Dammard qui est enlevé, puis reperdu. Leurs portes s’élèvent à 45 pour 100 de l’effectif engagé. Mais leur effort n’a pas été vain ; il a porté sur une division de la garde quelques minutes avant le moment où elle allait elle-même attaquer, et l’action de cette unité s’est trouvée ainsi brisée.

Sur ce point encore, le front est stabilisé.

Et le commandant d’une armée intéressée par ce résultat écrit alors : « Les succès de l’ennemi n’ont duré qu’un jour. Et c’est bien grâce à l’activité du corps de cavalerie que l’offensive ennemie a été enrayée. Sa résistance nous a donné le temps d’opposer à l’ennemi les forces nécessaires, de les organiser et de réaliser la situation actuelle qui nous permet de répondre de l’avenir. » On sait qu’en effet, dès cet instant, l’équilibre de la guerre fut renversé : d’assaillis, nous allions devenir assaillants.

Quel témoignage plus précieux pour la cavalerie ? Quelle meilleure définition de son rôle de réserve mobile, dans la bataille défensive, courant aux brèches pour les aveugler, y arrivant la première, se battant seule quelques jours, parfois seulement quelques heures, mais « refaisant» un front ?

Cette fois le front refait couvrait directement Meaux. Et derrière Meaux, il y avait Paris, dont les « Berthas » essayaient en vain d’ébranler le moral...

Quand on a vécu des heures aussi angoissantes, est-il permis d’oublier que, dans la guerre, il est des moments où la puissance du matériel est impuissante et où la vitesse, qui permet la manœuvre, devient l’ultima ratio ?

Le 15 juillet, suprême effort allemand, au Sud de la Marne. D’un bond de 80 kilomètres, le 1er corps de cavalerie accourt, couvre Epernay, et successivement renforcé par deux divisions d’infanterie, lutte trois jours pied à pied ; finalement il reprend Montvoisin.

Le dernier assaut des Germains est brisé. Cette résistance permet au commandement supérieur de garder la disposition