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poursuivre seule un adversaire dont les liens tactiques ne sont pas encore complètement rompus. Elle ne peut que former le premier échelon rapide d’un système de toutes armes, où le facteur essentiel, la vitesse, agissant en tête, doit être soutenu de près par le facteur force.

Ici, nous n’avions pas de grandes unités de toutes armes disponibles, pour appuyer le corps de cavalerie Conneau, lequel d’ailleurs n’a que l’armement insuffisant de l’époque. L’ennemi ramène des réserves, la porte se referme, le front devient continu.

L’occasion est perdue, hélas ! mais non pas l’expérience. Nous verrons le commandant de la 5e armée de 1914, devenu commandant des armées d’Orient, pousser sa cavalerie, pointe d’une audacieuse manœuvre de toutes armes, sur les derrières de l’ennemi ; et ce sera en Serbie, en 1918, la victoire triomphale d’Uskub.

Cependant, l’exploitation du succès par notre pénétration dans une brèche du dispositif adverse ayant échoué, les forces physiques et les munitions faisant d’ailleurs à peu près défaut de part et d’autre, toute l’activité des fronts se porte à l’aile extérieure, qui seule est découverte pour les deux adversaires, et où, malgré l’épuisement des hommes et des moyens, il faut agir, si l’on ne veut pas laisser à l’ennemi l’initiative des opérations.

Le 14 septembre, les armées allemandes arrêtent leur retraite et font face au Sud, fixant leur gauche aux Vosges, étendant leur droite mobile jusqu’à l’Aisne, aux environs de Noyon. Des deux côtés, on va chercher, en amenant sur le flanc toutes les disponibilités du front, a envelopper l’ennemi.

Les actions parallèles, dans lesquelles aucun des deux antagonistes n’a, à une heure donnée, sur un point particulier, de supériorité marquée, n’amènent qu’un prolongement continu du front, jusqu’à la mer du Nord.

Mais nous devons toutefois remarquer que notre front qui, après la Marne, avait la direction générale Est-Ouest, se redresse perpendiculairement et devient Sud-Nord, dans la Course à la mer, dessinant ainsi un commencement d’enveloppement de l’aile ennemie. Ce sont les 1er et 2e corps de cavalerie français qui « mènent » la manœuvre ; ils ont sans cesse l’avantage sur la cavalerie ennemie (également deux corps conduits par von der Marwitz) qui se trouve en face d’eux. Tantôt couvrant