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point important : la bataille de Lorraine pourra être gagnée.

En Champagne, entre la gauche de la 4e armée et la droite de la 9e (Foch), une brèche de 15 kilomètres est béante, par où passe, grande voie de pénétration, la route de Châlons à Troyes par Mailly. La 9e division de cavalerie masque cette trouée et le centre de la IIIe armée allemande (XXIIIe D. R.) s’immobilise devant ce rideau de cavalerie.

A notre extrême gauche, dans le Valois, le 1er corps de cavalerie, malgré son usure due à ses marches forcées à travers la Belgique et le Nord de la France, rentre en action dans la région de Levignen. Une de ses divisions, la 5e (général de Cornulier-Lucinière), dont le rôle est aujourd’hui bien connu, se glissant dans la forêt de Villers-Cotterets, contourne l’aile droite allemande, se porte sur ses convois et le 8 septembre manque d’enlever le général von Kluck.

Dans quelle mesure ce raid a-t-il influé sur le cours des événements ? Il est peu probable que les Allemands nous le fassent jamais savoir. Mais en renversant les termes du problème, il nous est aisé d’imaginer quel effet eût produit, à la même heure, une division allemande qui eût coupé les communications de l’armée Maunoury, en venant par Crépy-en-Valois, sur Nanteuil-le-Haudoin et Dammartin-en-Goele, à une marche de Paris, si tant est que notre propre cavalerie l’eût laissée passer.

Enfin, la bataille qui sauva la France, est gagnée : il s’agit d’exploiter ce succès.

Un nouveau corps de cavalerie Conneau, rassemblé à partir du 3 septembre à la gauche de la 5e armée, a couvert, pendant la bataille de la Marne, l’intervalle de 20 kilomètres qui sépare cette armée de l’armée britannique. Après la bataille, ce corps poursuit l’ennemi et pénètre dans son dispositif disloqué, entre les Ire et IIe armées allemandes. Passant l’Aisne à Berry-au-Bac, il pousse sa découverte vers le Nord et une de ses divisions (de Contades), atteint Sissonne, sur les arrières de l’ennemi, le 13 septembre.

La porte par où pourrait s’élancer la cavalerie, est ouverte. Occasion splendide ! comme il s’en trouvera forcément après toute victoire qui créera dans le front opposé des fissures, des brèches, des vides où le vainqueur devra jeter ses disponibilités, pour accroître la désagrégation du vaincu et l’empêcher de rétablir, l’équilibre de son dispositif. Mais la cavalerie ne peut