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« Je compte sur un congé au mois d’avril : ainsi je ne tarderai pas à vous embrasser. Je me désole que mes affaires vous occupent pendant que vous êtes encore faible…

« P.-S. — Voilà une lettre pour votre voisine. Elle en renferme une autre pour M. de Montmorency. Veuillez, je vous en prie, faire porter cette lettre à Mme Récamier à l’instant même où vous l’aurez reçue. Il ne faut pas la laisser chez le suisse de l’Abbaye-aux-Bois, mais la remettre à l’appartement même de Mme Récamier[1]. »

Il continue, d’ailleurs, presque à chaque courrier de s’entretenir avec M. Le Moine de ses ennuis financiers :


Berlin, 13 février 1821.

« … Ne vous gênez pas pour toucher mes appointements de ministre. Ils ne tombent, je crois, que le 22 mai ; à cette époque, vous aurez à prélever, sur les 20 000 francs, 4 200 francs avec les intérêts que vous remettrez à M. de la Panouze qui, dans ce moment, vient de compter 3 000 francs à ma femme, et 1 200 francs à M. Benoit pour mon loyer à échoir le 1er avril. Mais j’espère avant cette époque avoir eu le plaisir de vous embrasser.

« Quant à ma pension de pair, pourvu que vous trouviez le moyen de ne pas laisser en arrière l’affaire substituée par Mme de …[2], cela suffit…[3]. »

La fille de l’infatigable secrétaire souffrant, après des couches pénibles, d’une fièvre violente qui faisait concevoir des inquiétudes, la lettre suivante se fait caressante et affectueuse.


Berlin, 13 mars.

« Vous ne sauriez croire, mon bon M. Le Moine, combien votre lettre m’a fait de peine. Pourquoi vous occuper de mes comptes quand vous avez tant de chagrins ? Je voudrais être à Paris pour vous encourager et vous consoler.

« Pourvu que vous soyez au courant pour les comptes, je suis content. Quand il y aura du surplus, vous en disposerez pour Mme de Chateaubriand. Mais j’espère vous voir avant que

  1. Inédit.
  2. Ici, un nom à peu près indéchiffrable. Il semble résulter de ce passage que Chateaubriand avait engagé d’avance, et pour quelques mois, son traitement de pair de France. »
  3. Inédit.