Mardi, 9 janvier 1917.
Sir George Buchanan, qui n’est pas moins inquiet que moi de la situation, estime que l’Empereur serait peut-être sensible à un conseil de son cousin le Roi d’Angleterre : il a donc suggéré à Balfour de provoquer l’envoi d’un télégramme personnel du Roi au Tsar : en remettant ce télégramme, Buchanan ajouterait de vive voix les commentaires nécessaires. Balfour avant approuvé cette démarche, mon collègue vient de solliciter une audience de l’Empereur.
Mercredi, 10 janvier.
Il y a un mois environ, la grande-duchesse Victoria-Féodorowna, femme du grand-duc Cyrille, a été reçue par l’Impératrice et, la sentant plus ouverte que d’habitude, s’est risquée à lui parler des questions brûlantes.
— C’est avec douleur, avec effroi, a-t-elle dit, que je constate le mouvement d’hostilité qui est déchaîné contre Votre Majesté...
L’Impératrice l’a interrompue :
— Vous vous trompez, ma chère. D’ailleurs, je me suis trompée moi-même. Tout récemment encore, je croyais que la