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périls, qu’en des cas particulièrement graves, et les Assemblées jugeraient souverainement.

Suis-je seul, messieurs, à vous dire ces choses ? Non, je suis d’accord avec les hommes les plus expérimentés, avec ceux qui ont vu de près les choses et qui les ont vécues. Je crois que l’heure est venue d’adapter nos institutions, vieilles de près d’un demi-siècle, aux circonstances nouvelles.


LE CONTRÔLE PARLEMENTAIRE

Il est un autre point où, à mon avis, la République est insuffisamment armée pour la conduite de ses allaires extérieures ; je veux parler du contrôle parlementaire qui va s’affaiblissant de jour en jour.

Je me souviens que, pendant les négociations, en avril 1919, M. le maréchal Foch vint me voir au Palais-Bourbon. Il me fit part de ses craintes patriotiques au sujet de la marche des négociations et il me demanda si, le cas échéant, il pourrait être entendu par la Commission de l’armée. Ainsi, le commandant en chef des armées alliées, vainqueur de l’Allemagne, venait chercher dans le Parlement le suprême recours. Comprenez-vous, messieurs, pourquoi toujours, obstinément, à travers tout, j’ai défendu le contrôle parlementaire ? J’ai su depuis que le maréchal, n’ayant pas obtenu l’autorisation de parler aux mandataires qualifiés de la nation, avait demandé à être entendu par le Conseil des ministres, et que, sortant de ce Conseil, il avait dit ce mot si souvent répété et déformé depuis : « Nous irons tous devant la Haute-Cour. »

Ce fait suffirait à montrer qu’il y a dans nos institutions une lacune, et nous pourrions ici, je crois, nous inspirer de l’exemple des Etats-Unis.

Lorsque les Américains durent construire de toutes pièces un édifice nouveau, ils établirent des institutions qui en ont assuré la solidité et la durée et qui ont résisté à l’épreuve du temps, par exemple le Sénat fédéral, et, dans le Sénat, cette commission des Affaires extérieures qui a le droit de proposer des amendements aux traités et dont nous n’avons que trop senti la force.

D’une manière analogue, la nouvelle Constitution allemande a institué une commission permanente des Affaires étrangères,