Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/735

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naturel ; mais je crois, en ce qui nous concerne, que nous aurions tout avantage à revenir, autant que possible, aux règles diplomatiques normales et sûres.

D’ailleurs, c’est aussi l’avis de certains hommes d’État anglais, parmi ceux qui ont la plus longue expérience des affaires. Le 27 janvier, lord Grey, dissipant une confusion voulue, s’exprimait en ces termes :

« On me dit, parce que j’ai critiqué les Conseils suprêmes, que je suis pour les négociations secrètes... Je n’ai nullement parlé de méthodes secrètes. J’ai préconisé les méthodes plus calmes, plus posées. On peut agir avec calme, sans pour cela agir dans le secret... Pense-t-on que la nouvelle méthode du Conseil suprême soit moins secrète ? Et n’est-il pas vrai qu’il y a plus de secret qu’autrefois dans la manière d’agir du Gouvernement actuel en matière de politique étrangère ?... On entend aujourd’hui beaucoup parler du Conseil suprême, mais on n’a pas de documents rapportant ce qui s’y est passé. Suivant l’ancien système, on conservait les procès-verbaux des conversations, et très souvent ces procès-verbaux étaient publiés pour expliquer la marche qu’on avait suivie. Aujourd’hui, la nouvelle méthode consiste à dire que les premiers ministres de France et d’Angleterre ont eu entre eux des conversations, mais il ne semble pas qu’on publie de compte rendu de ces conversations. Il y a, d’un côté, dans la procédure du Gouvernement actuel, trop de clarté de magnésium, et, de l’autre, trop de secret. »

Messieurs, les traités issus de ces pratiques nouvelles, le Traité de Versailles et ceux qui l’ont suivi, dominent et domineront pendant de longues années toute notre politique ; il faut donc en déterminer avec précision les conséquences pour savoir où nous sommes et où nous allons.

Je parlerai d’abord des questions qui touchent directement notre pays : la question de la frontière et celle des réparations ; j’aborderai ensuite des problèmes qui, au point de vue géographique, sont plus éloignés, mais engagent aussi nos intérêts et notre avenir, la situation de l’Autriche et les affaires d’Orient.


LA LÉGENDE DE NOTRE IMPÉRIALISME

On nous prête en Allemagne, et, — chose plus étrange, — en Angleterre et aux Etats-Unis, des visées ambitieuses, des ambitions impérialistes. Ah ! messieurs, est-il un seul Français qui