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« La France n’y est pas venue pour asservir... Elle remplira sa tâche d’éducatrice avec l’enthousiasme qu’elle apporte à toutes les grandes œuvres ; le monde musulman peut lui faire confiance et poursuivre avec elle, en toute quiétude, sa route vers de nouvelles et grandes destinées. »

Ne quittons pas la terre d’Afrique sans nous réjouir des succès qui viennent de récompenser la ténacité du général Berenguer et de ses braves soldats ; les communications sont rétablies entre Larache et Tetuan. Le maréchal Lyautey, en adressant ses félicitations au général en chef espagnol, a affirmé la solidarité des deux nations et des deux armées dans la même œuvre de civilisation et de paix. En même temps, le comte de Romanones, à Séville, dans une conférence qui a fait une profonde impression, remettait en lumière les principes de politique dont l’oubli a été pour l’Espagne au Maroc cause de tant de difficultés et dont l’application la ramènerait à l’accomplissement heureux de la mission qui lui a été confiée par les traités. Le Maroc est un sous la souveraineté d’un seul Sultan.

Les derniers jours de Gènes ont été ceux d’un condamné à mort. Ce que nous avons dit, il y a quinze jours, de la Conférence et de ce que l’on en pouvait attendre, nous dispense aujourd’hui d’une longue oraison funèbre. La Conférence est morte, personne ne la regrette. M. Lloyd George, jusqu’à la fin, a obstinément cherché le succès que sa méthode et son point de départ lui interdisaient d’obtenir. Il a essayé de l’intimidation, notamment quand il a voulu poser la question des frontières occidentales de la Russie. Le 10 mai, il adressait encore un télégramme pathétique à l’Assemblée des Églises indépendantes d’Angleterre : « Les forces humanitaires du monde serrent leurs rangs dans la nouvelle croisade contre la tyrannie de la force brutale. Gênes a sonné le tocsin de la paix... Nous ne nous reposerons pas que nous n’ayons triomphé. » Puis ce fut la réponse de M. Tchitchérine au mémorandum et la comédie burlesque de M. Schanzer aux trousses du factum bolchéviste, priant ses auteurs de vouloir bien le reprendre, l’amender : comment pouvaient-ils faire tant de peine à de si bons amis ? Et puis il fallut reconnaître que, décidément, toute discussion de principes avec les délégués des Soviets était vaine, qu’ils n’étaient venus à Gênes que pour obtenir de l’argent et la reconnaissance de jure et qu’ils se souciaient moins de la restauration de l’Europe que de leur propre maintien au pouvoir : « document provocant ; » « réponse stupide : » ainsi s’exhala sévèrement le dépit de M. Lloyd George. On convint cependant, pour ménager