Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/713

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chronique 31 mai 1922


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

Tandis qu’à Gênes des manœuvres insidieuses s’acharnaient à détruire l’entente des Alliés de la Grande Guerre, en Afrique du Nord, M. le Président de la République faisait œuvre de cohésion française et de solidarité nationale. Il était bon qu’à cette heure critique le chef respecté de l’État affirmât que la France dépasse les limites du vieux sol français et montrât, par son voyage même et par ses paroles, la place que tiennent, dans notre équilibre politique et économique, l’Afrique française et la marine française. M. Millerand a parcouru, parmi les fêtes et les acclamations, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie ; il a admiré, sous trois aspects très différents, la souplesse et la fécondité du génie français. Partout il a insisté, avec les nuances nécessaires, sur cette grande idée directrice que l’avenir de l’Afrique du Nord est dans la coopération de plus en plus étroite des indigènes, arabes ou berbères, avec les Français, soldats, administrateurs, colons ; partout il a trouvé le travail, la paix, l’ordre.

Il n’était pas possible que les grands événements qui, depuis 1914, ont bouleversé le monde, passassent, sans laisser quelque trouble dans les esprits, sur les populations de la Berbérie sur cette « nation africaine » à laquelle M. Louis Bertrand adressait naguère son beau « discours.» La Grande Guerre, qui a fait accourir sur le sol français, pour se battre et mourir, les héroïques enfants de l’Afrique, la diffusion des idées du Président Wilson mal comprises et déformées par une propagande hostile, la retraite des Italiens de Tripolitaine, masquée par l’octroi prématuré d’une charte politique sans rapports avec le caractère et l’état de civilisation des indigènes, la proclamation de l’indépendance de l’Egypte, les événements de Turquie, le mouvement d’Angora, la révolution russe, ont eu des répercussions parmi les populations de l’Afrique du Nord. La fidélité des habitants de toutes races à la France, manifestée avec tant d’éclat pendant la guerre, démontrée encore par l’enthousiasme qui a éclaté sur le passage de M. le Président de la République, n’en a