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par s’éteindre. L’heure de la grande poésie approche. La voici.

Des sonneries de cors, lentes et douces, l’annoncent et donnent le signal des nocturnes enchantements. A travers la futaie bleue de lune, devant le chêne légendaire, au lieu fixé pour le divertissement final, le petit amoureux est arrivé le premier. Ému, troublé vaguement, il chante. Oh ! pas un air classique, mais une libre cantilène, errante au gré de la brise ; un hymne d’adoration et d’extase à la triple beauté de la nuit, de l’amour, et de la musique elle-même. Les paroles, les paroles italiennes bien entendu, n’en sont pas moins délicieuses que le chant vocal et les contre-chants de l’orchestre. Mais un tel chant, autant que le chanter, il faudrait le penser, mieux encore, le sentir, le rêver peut-être. Jadis, après avoir essayé de surprendre le dernier secret de la musique, et doutant d’y réussir, Alfred de Musset écrivait :


Le reste est un mystère ignoré de la foule
Comme celui des flots, de la nuit et des bois.


Ce reste, ce mystère, il a trop paru l’autre soir que le chanteur aussi l’ignorait.

Bientôt, autour de Falstaff ahuri par la peur, la féerie shakspearienne lisse et déploie ses voiles sonores. Le Weber d’Obéron, le Mendelssohn du Songe d’une nuit d’été, le Berlioz de la Damnation, n’ont rien écrit de plus aérien. Voilà donc le poète, le rêveur qu’est devenu le dramaturge du Trovatore et de Rigoletto. Voilà jusqu’où s’est affiné ce génie dont la passion, la violence même avait si longtemps été ! âme. De celui qui se plaisait à répéter : Sono un paesano, l’œuvre suprême est un chef-d’œuvre de distinction et d’élégance patricienne. Ici de nouveau chante en notre mémoire le scherzetto devenu populaire.


Quando ero paggio
Del Duca di Norfolk...


« Quand j’étais page du duc de Norfolk, j’étais subtil, j’étais un vague mirage, léger, gracieux ; alors c’était le temps de mon vert avril, alors c’était le temps de mon joyeux mai. J’étais si mince, flexible et délié, que j’aurais passé à travers un anneau. » Tel nous apparaît ici le musicien de Falstaff, et s’il était alors non plus au printemps, mais à l’hiver de sa vie, on ne peut que s’en étonner et l’en admirer davantage.

A soixante-seize ans, en 1889, Verdi écrivait à Boito : « Vous, en traçant Falstaff, avez-vous jamais pensé au chiffre énorme de mes