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REVUE LITTÉRAIRE

LES GÉORGIQUES NOUVELLES [1]

Voici quelques volumes qui vous mettent l’esprit à l’air, pour ainsi dire, au grand air de la campagne. Ils vous apportent la fraîcheur des bois, vous découvrent de belles étendues, vous proposent une sagesse évidente et sereine. Agréable lecture, et pleine d’enseignements opportuns ; lecture un peu étrange aussi, pathétique même, si vous la faites à la ville, et à Paris, dans une vie très agitée en un petit espace. Elle vous avertit de votre folie et vous conseille une sagesse qui n’est plus à votre portée : il y a de l’amertume à regarder l’inutile évidence. J’imagine que les contemporains de Virgile, dans Rome, ont éprouvé de tels sentiments à lire ses Géorgiques, et lui à les écrire.

Ai-je tort de citer Virgile ? Mais non : les circonstances nouvelles, ont beaucoup d’analogie avec les jours terribles du poète. M. Charles de Bordeu écrit, dans la Terre de Béarn : « Ces villages vont-ils se vider tout à fait ? Ces campagnes seront-elles des solitudes ? Faut-il que les champs meurent de la ville, et la ville de la mort des champs ?... » La même alarme est dans Virgile.

M. Joseph de Pesquidoux, qui, dans son recueil intitulé Sur la glèbe, raconte le retour des soldats après la guerre et son retour en Gascogne, indique les souffrances et les malheurs de la terre : « Elle a perdu son printemps, la fleur de sa vie par l’abandon, la fleur de

  1. Sur la glèbe, par M. Joseph de Pesquidoux (Plon) ; du même auteur, chez le même éditeur, Chez nous, « travaux et jeux rustiques. » Terre de Béarn, par M. Charles de Bordeu (Plon) ; du même auteur, Jean Pec, Maïa, le Destin d’aimer, Pages de la vie (Plon), le Chevalier d’Ostabat, la Plus humble vie (Fasquelle).