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APRÈS WASHINGTON
ET APRÈS GÊNES

On ne peut pas encore soulever les voiles qui couvrent les origines et les profondes raisons d’être de la Conférence de Washington. Beaucoup d’observateurs avisés pensent que le règlement des problèmes du Pacifique, — « question des races » et partage économique équitable de la Chine, — ne formaient, avec la limitation des armements navals, que la façade d’un édifice dans le secret duquel les deux plus puissantes nations du monde se réunissaient pour fixer les termes généraux de leur accord. Il s’agissait en effet, avant tout, de mettre fin momentanément à une dangereuse et ruineuse rivalité, en partageant la planète en deux vastes zones d’influence où devait désormais s’exercer sans contestations l’hégémonie de chacune des branches de la grande race impériale, la race anglo-saxonne. ; Les Américains ne pouvaient penser qu’à Gênes, six mois après la réunion de leur conférence, ils dussent se mettre en travers des ambitieuses visées de la grande firme anglo-hollandaise au sujet des pétroles du Caucase, dont il ne leur plaît pas de se désintéresser.

On sait toutefois qu’il existait, dès lors, pour les deux chefs de Gouvernement, d’intéressantes raisons de politique intérieure, soit de lancer l’idée de la Conférence, soit d’accueillir cette idée avec empressement. Ce sont, du reste, des préoccupations analogues que l’on retrouve, au moins du côté anglais, à la base des discussions qui aboutirent, en janvier dernier, à la convocation du « Congrès de la Riviera » pour le 10 avril.

Le président Harding, chef du parti républicain et qui pense à l’élection de 1923, devait tenir compte, d’abord des inquiétudes que fait naître dans son pays la situation générale des