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Corentin les hèle en breton. Le patron se lève et crache avant de nous répondre. Il a une tranquille, patiente figure. Ils viennent du Croisic, où ils ont vendu leur poisson. Hier, vingt mille sardines. Ils ont interrompu leur campagne de pêche pour monter jusqu’à Quimper, d’où ils comptent gagner, par la route, Douarnenez, où une noce les attend : la fille du patron va se marier dans trois jours à l’église de Ploaré.

Ya, amzcr fall war meas. — « Oui, du mauvais temps, dehors. » Après quinze jours de mer et de dur travail, qu’il doit être bon de s’enfoncer ainsi, avec le Ilot, dans le calme pays de Cornouaille !

Un promontoire commence à les éclipser. Ils s’en vont entre les bois de légende, qui doivent les faire rêver des ombrages de chez eux, des grands Plomarc’h où ceux de Ploaré viennent s’asseoir en regardant le port, sous le beau clocher qui va sonner à ceux-ci leur fête.


ANDRÉ CHEVRILLON.