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LES ASPECTS
DES « SALONS » DE 1922

Les Salons de peinture prennent insensiblement, d’année en année, la physionomie de galas cosmopolites. Nous ne nous en plaignons pas : c’est la seule chance qu’ils aient de nous attirer. Non assurément que nos artistes de France aient cessé de faire de bons tableaux. Mais nous n’avons plus besoin des Salons pour les voir. Ils paraissent, tout le long de l’année et le long des rues, dans une foule de petites galeries fort bien aménagées pour les mettre en valeur, où la lumière, le recueillement, le choix des exposants attirent les amateurs et les édifient copieusement sur les tendances de l’art moderne. Les petites chapelles font tort à la paroisse. Quand les Salons s’ouvrent, on a déjà tout vu : les principaux portraits |ont paru dans les expositions des cercles mondains où l’artiste comme le modèle ont subi l’épreuve la plus redoutable : celle des amis et connaissances.

Il est vrai que ces expositions ne sont pas absolument publiques. Mais elles n’en attirent que plus de monde. Les paysages, les scènes de genre, les panneaux décoratifs, les études de toute sorte, les natures mortes ont été visibles dans des expositions organisées par les artistes eux-mêmes groupés comme des Académies, selon des affinités d’art, ou de sujets, ou tout simplement de métier, et offrant au public la primeur de leurs œuvres de l’année, absolument comme s’il ne devait pas y avoir de Salon. Il est plaisant de noter à ce propos, comme les actes démentent les théories. Parlez de ressusciter le Salon fermé de l’ancienne Académie royale ou de l’Institut, avec un jury qui se