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REVUE DRAMATIQUE


Porte-Saint-Martin. — Les Don Juanes, pièce en trois actes, d’après le roman de M. Marcel Prévost, par MM. Jean-José Frappa et H. Dupuy-Mazuel.


Le roman de M. Marcel Prévost n’avait pas encore achevé de paraître en livraisons, déjà nous apprenions que MM. Jean-José Frappa et H. Dupuy-Mazuel en avaient tiré une pièce et que cette pièce entrait en répétitions. M. Nordmann soutiendra-t-il encore, après cela, que notre temps n’est pas celui de la vitesse ? Pièce assez différente du roman ; car ce que M. Marcel Prévost appelle le don juanisme chez la femme, en est à peu près totalement absent. Don Juan est un conquérant : les Don Juanes dédaignent le rôle passif d’accueillir l’amour qui vient à elles ; elles ont la prétention de choisir leurs amants. Or les créatures éplorées que nous avons vues défiler sur la scène de la Porte Saint-Martin, semblent d’assez pauvres conquérantes : quand elles changent d’amant, ce n’est pas de leur plein gré. Elles sont arrivées à l’âge où l’amour quitte celles qui n’ont pas quitté l’amour : tout se paie ici-bas. Au temps jadis, la pièce se serait intitulée : l’École des femmes galantes.

Le premier acte représente une soirée dans un dancing. Décor brillant et commode pour introduire les personnages dans le va-et-vient des couples, et nous en faire les honneurs entre deux explosions de musique nègre. Voici, dans le dernier éclat de leur splendeur, les diverses Don Juanes. Camille Engelmann, femme d’affaires qui mêle aux affaires de sa banque ses affaires d’amour. Directrice d’un important établissement de crédit, elle choisit ses amants dans le personnel de la banque, à charge de leur assurer un avancement rapide. Situation avantageuse, mais très surveillée. Celui qui l’occupe en ce moment, Dutrier, s’est laissé surprendre avec une petite actrice. Sur l’heure, Camille Engelmann le casse aux gages et lui donne un remplaçant.