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80 kilomètres par heure ; le vent le plus violent 166. La vitesse d’un boulet de canon est de 1 000 mètres, et celle du son de 340 mètres par seconde. La terre en tournant sur elle-même parcourt en une heure 1 666 kilomètres... »

Comme ce texte est amusant ! Tout d’abord, il nous montre que le temps non moins que l’espace intervient dans la définition de la vitesse. Mais que dire de ce bon dictionnaire qui assigne une limite maxima de 80 kilomètres à l’heure à la vitesse d’une locomotive ? Que dire aussi du français dont il l’exprime : « La vitesse ordinaire d’une locomotive est..., sa plus grande de... ? » Que dire de cet oiseau qui M dans son vol le plus rapide parcourt.., » alors qu’on a voulu parler du vol de l’oiseau le plus rapide ? Que dire de cette vitesse d’un boulet de canon qui est fixée ne varietur à mille mètres par seconde ? Cela ne rappelle-t-il pas un peu trop l’Anglais qui, débarquant chez nous et sur le vu d’une servante calaisienne à la rutilante chevelure, écrivait sans désemparer à sa famille : « En France, toutes les femmes sont rousses ? »

Ah oui, vraiment ! la lecture du dictionnaire (et je ne me permets de parler ici que de celui désigné ci-dessus) est bien réjouissante. Mais il y a autre chose, autre chose de bien plus profond qui est implicitement contenu dans le texte précédent. Admettons pour exact le chiffre indiqué pour la vitesse moyenne au trot du cheval : 12 kilomètres à l’heure. Considérons donc le cheval moyen, le cheval étalon, — si j’ose dire, — qui possède cette vitesse-type.

Puisque, — on nous l’affirme, quelques lignes plus bas, — la terre en tournant sur elle-même parcourt en une heure 1 666 kilomètres, c’est en réalité 1 666 + 12= 1 678 kilomètres que notre cheval parcourt s’il va de l’Ouest à l’Est et 1 666 — 12 = 1 654, s’il va de l’Est à l’Ouest, c’est-à-dire à l’encontre de la rotation terrestre. D’où il appert que la vitesse des chevaux dépend essentiellement de leur orientation. J’ai bien peur que cette considération ait jusqu’ici passée inaperçue dans les hippodromes où l’on poursuit avec tant d’ardeur l’amélioration de la chevaline race, et que la boussole n’y joue pas le rôle essentiel qu’elle mérite ainsi qu’on vient de voir. Mais ce n’est pas tout : c’est à l’équateur (Larousse oublie de le dire) que la surface terrestre par l’effet de sa rotation avance de 1 666 kilomètres par heure. Sous nos latitudes cet avancement est beaucoup moindre. Ce n’est pas tout encore : notre globe n’a pas seulement une rotation ; il a aussi une révolution (je parle de la seule qui ait jamais laissé des traces durables) qui le fait tourner autour du soleil à environ