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grand port d’Osaka. Une foule énorme l’attendait ; et quand il parut, sur tout son passage, ce fut une acclamation sans fin, un véritable triomphe : les barrages étaient rompus, les enfants, les éternels enfants japonais, au premier rang, la foule ouvrière qui les entourait, se précipitaient vers son auto ; avec la plus grande peine, à toute petite allure, à coups de corne et de claxon, il arriva enfin à sa demeure, couvert de fleurs et de drapeaux tricolores et français. De sa fenêtre qui donnait sur le port, il put alors contempler, au premier plan, la foule pressée des jonques et plus loin, dans la baie, sur une mer grise et sous la pluie monotone, la légion des grands vapeurs.


MIYAJIMA

Le Maréchal arrivait le 16 février au soir à Miyajima, l’île sacrée : il y a passé deux jours de promenade et de repos.

Nul lieu en effet ne convient mieux pour une halte tranquille au cours du long voyage : par ces jours de soleil, avec la ceinture d’une mer émeraude, les temples enfouis dans la montagne sous l’ombre légère et diffuse des pins, avec le fond violet et proche des montagnes de Nippon, elle est bien l’oasis rafraîchissante où tous les pèlerins de la vie trouvent l’apaisement et la joie : elle est bien « l’île de la douceur » Les animaux eux-mêmes n’y connaissent pas la peur : les biches, les pigeons, sur le sable rouge des grèves, viennent manger dans la main des promeneurs ; on a voulu même en chasser la douleur humaine puisqu’il y a cinquante ans, on ne pouvait ni y mourir ni y naître.

Le Maréchal a visité le temple lacustre ; et devant le grand tori rouge qui est comme la porte ouverte de l’île sur la mer, au milieu des prêtres shintoïstes, il a vu danser pour lui en d’étranges et somptueux costumes l’antique danse sacrée de la Victoire.

De Miyajima, il est allé à Edajima, une île voisine, visiter l’École Navale japonaise. Il faisait, ce matin-là, délicieusement froid ; le soleil mêlait sa joie à celle des choses, des îles fortunées, de la mer bleue. Il s’y est rendu sur l’un des derniers croiseurs construits par le Japon, le « Kiku, » accompagné de l’« Aoi. »

Il passa la revue des huit cent cinquante élèves, visita l’École, salua la photographie des équipages qui se sont fait