Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 9.djvu/436

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

truit à l’époque des Tokugawa, dans la plaine de Mousashino. Et de blanches mousmés chantent encore :

« Yédo devient prospère ; les daïmios rendent hommage au Shogun ; les flocons de neige tombent : les serviteurs marchent en secouant la blanche neige de leurs piques ; les hommes et les chevaux vont en cortège, blancs comme les cigognes. »

Enfin c’est la ville actuelle de Tokyo, l’ancien Yédo, et c’est le jour des cerisiers rouges et les rouges mousmés chantent et dansent encore.

« Les champs d’autrefois, disparus comme les rêves, sont devenus Tokyo, la belle ville des cerisiers : nous nous félicitons ensemble maintenant de tout notre cœur d’avoir la grande joie de recevoir l’honorable hôte dans cette ville de Tokyo. »

Alors, les bleues, les blanches, les rouges, toutes réapparues, forment sur la scène un énorme et vivant drapeau, pendant que toute la salle, debout et tournée vers l’avant-scène du Maréchal, l’acclame au son de la Marseillaise.


Le 25 janvier, le Maréchal a cessé d’être l’hôte de la Cour pour devenir celui du Gouvernement.

La veille il est allé prendre congé du Prince Régent et le remercier des nombreuses attentions qu’il a eues pour lui. Le Prince a reçu le Maréchal dans cette même salle du Phénix où il l’avait accueilli à son arrivée : il fait allusion aux heureux effets que ne manquera pas d’avoir cette visite, et lui adresse ses meilleurs souhaits de voyage.


MOMOYAMA
Kyoto, 6-14 février.

L’empereur Meiji, le fondateur du Japon moderne, a son tombeau près de Kyoto, en un lieu appelé Momoyama, ce qui veut dire « la montagne des Pêchers. »

Le Maréchal a voulu aller s’incliner devant la tombe du Grand Empereur, dès le premier jour de son séjour ici.

Il fait un temps de Toussaint, gris et pluvieux. Nous arrivons dans un parc admirable, tout en pente : malgré la saison, les arbres sont verts autour de nous ; nous voici maintenant près d’une cuve de pierre où court une eau limpide : c’est l’eau lustrale dont il faut, pour continuer notre pèlerinage, purifier nos mains.