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Dans leurs magnifiques couvents, sont élevées les petites mousmés des meilleures familles de Tokyo et l’émotion est grande de les entendre chanter à pleine voix la Marseillaise.

Puis l’Athénée français. C’est une sorte d’Université libre, fondée et dirigée par M. Joseph Cotte : on y enseigne la littérature française, le grec et le latin. Il est fréquenté par des hommes et des femmes ayant déjà une situation. À sa fondation en 1913, l’Athénée n’avait que huit élèves ; à l’heure actuelle, il en a 600 ; et nous y avons vu en français la scène des portraits d’Hernani jouée par les élèves.

L’École de droit Hosaï où l’on enseigne le droit français a été fondée par Gustave Boissonnade : c’est d’ailleurs grâce aux efforts de ce jurisconsulte que furent établis les Codes civil, pénal et de procédure japonais.

Enfin, le Maréchal s’est rendu à l’École des Langues étrangères où, depuis la guerre, on constate une grande augmentation du nombre des élèves des classes de français au détriment des classes d’allemand : à l’heure qu’il est, le français vient tout de suite après l’anglais avec 80 élèves contre 100.

Ce phénomène heureux n’est pas isolé : de toutes parts on signale les progrès de notre culture dans les milieux intellectuels japonais, tandis que la culture germanique est nettement en régression. C’est un mouvement à encourager sans retard : il est certes le fruit de la victoire, mais aussi le résultat de la mission qu’ont accomplie au Japon, il y a trois ans, M. Joubin, recteur de l’Académie de Lyon, et M. Courant, professeur à l’Université de cette ville : ils étaient venus proposer au Gouvernement une sorte d’union intellectuelle : la France promettait d’envoyer au Japon des savants ou des penseurs illustres ; le nom de M. Bergson, dont la réputation ici est immense, avait même été prononcé ; en même temps, de jeunes universitaires auraient été détachés en mission pour étudier les diverses institutions du Japon. On imagine difficilement en France l’effet produit par ces propositions. Un début de réalisation de ces projets semble dès maintenant acquis, puisque le Gouvernement français a décidé l’attribution d’une somme importante à la construction d’une Maison de France à Tokyo.