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d’un voile blanc : sur une table, de la nourriture, des fruits, des offrandes pour le mort et un peu d’encens qui brûle : dans un coin de la pièce, un bonze immobile.

Respectueusement, le fils soulève le voile et le visage parait, maigre, long, volontaire ; au-dessus de la tête, un petit poignard pour chasser les mauvais esprits.

Le Maréchal se penche un moment sur la tête de vieil ivoire, puis jette quelques grains d’encens sur la braise. En sortant, il croise une femme inclinée, effacée dans l’ombre ; c’est Sadako, l’humble et fidèle compagne du Grand Prince.


À LA CHAMBRE DES PAIRS ET À LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

Le Maréchal s’est rendu le 1er février à la Chambre des Pairs. Il a été reçu par le Président de la Chambre, le prince Tokugawa : c’est un homme de soixante ans, de petite taille, de manières cordiales. Arrivé de Washington il y a deux jours, il parle avec sympathie de MM. Briand, Viviani et Sarraut qu’il a beaucoup vus là-bas.

Avec une présentation des chefs de groupe, le Maréchal est introduit dans la salle des séances ; c’est une grande pièce cubique fort simple, au plafond vitré : en face, une sorte de loge basse et peu profonde sur le bord de laquelle se tiennent les membres du Gouvernement ; le prince Tokugawa a repris sa place : derrière lui, le trôné impérial.

Les Pairs sont 380 : il y a peu de vides dans les fauteuils ; les galeries sont pleines.

Au milieu d’un silence impressionnant, le prince Konoyo, l’un des Pairs les plus jeunes et les plus brillants, monte à la tribune : il est en kimono. Il rappelle ce que le Japon doit à la France dans l’ordre militaire, intellectuel, politique et diplomatique : puis, faisant allusion au rôle du Maréchal pendant la guerre, il propose à ses collègues de voter une résolution dont il donne lecture. Le vote est acquis à l’unanimité.

Voici cette résolution :

« La Chambre des Pairs,

« Considérant que la visite au Japon de Son Excellence M. le maréchal Joffre, chargé de la plus haute des missions, a pour résultat de rendre encore plus intimes les bonnes relations qui existaient déjà entre le Japon et la France, et se félicitant de ce