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Au champagne, M. Paul Claudel a lu l’allocution suivante :

« Je remercie Votre Altesse Impériale d’avoir consenti à honorer ce dîner de Sa présence.

« Pour m’aider à l’accueillir, la France a délégué près de moi son plus glorieux soldat, la personnification de toutes les vertus de notre race, le vainqueur de la Marne, le maréchal Joffre.

« Elle ne pouvait avoir de meilleur représentant pour dire à un brave et fidèle allié notre reconnaissance pour l’aide précieuse qu’il nous a prêtée pendant la guerre, pour saluer un jeune Prince qui, chez nous, a su conquérir tous les cœurs et dont le Gouvernement va, je l’espère, ouvrir entre nos deux pays, unis par les liens de la sympathie, des intérêts et de la victoire, une ère d’amitié étroite. »

Le Prince répond en japonais :

« À mon tour, je vous remercie, monsieur l’Ambassadeur, de votre si aimable accueil à l’occasion de l’arrivée de M. le maréchal Joffre, vainqueur de la Marne, Envoyé extraordinaire de la France au Japon,

« Je suis particulièrement heureux de pouvoir passer une soirée avec vous, monsieur l’Ambassadeur, avec vous, monsieur le Maréchal et tant d’autres Français qui me font revivre, pour ainsi dire, mon doux séjour en France.

« Jusqu’ici, nos deux pays ont marché ensemble pour aider au progrès des œuvres civilisatrices dans le monde ; et c’est mon espoir et ma conviction intime que ces relations continueront de plus en plus cordiales.

« De tout mon cœur, je lève mon verre et je bois à la santé de Monsieur le Président de la République et à celle de son Ambassadeur. »

Après le dîner, dans le salon trop petit, des groupes se forment : au centre, le Prince fait appeler l’un après l’autre tous les Français, cause longuement avec chacun d’eux, s’enquiert de l’état de la France dévastée, dit l’impression profonde que lui a laissée Verdun, rappelle ses souvenirs de voyage.

De son côté, S. A. I. le prince Kan-In engage la conversation avec les officiers français. C’est le chef de l’une des quatre premières familles princières et il a accompagné l’année dernière le Prince en Europe.

Il rappelle les souvenirs de ses deux années de Saint-Cyrien, de Saumurois et du stage qu’il a fait à un régiment de cavale-