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comte Uchida, ministre des Affaires étrangères, M. Matsui, le plus parisien des Japonais, etc.

Les Japonais savent égayer la monotonie de ces fêtes par des grâces qui sont bien à eux : leurs femmes et les fleurs ; leurs femmes qui ont eu l’esprit de conserver leurs adorables kimonos, leurs ceintures magnifiques, les jolies chaussettes blanches à orteil et leurs épaisses sandales, ne faisant qu’une concession à nos modes occidentales, la suppression des coiffures compliquées de leurs grand’mères ; les fleurs aussi qui décorent la table ; quiconque n’a pas vu les bouquets japonais ignore tout ce qu’ils peuvent renfermer de charme vivant.

En outre, pour réchauffer l’atmosphère, la musique française se fait entendre partout : l’Arlésienne, la Princesse Jaune ; Thaïs et toujours l’héroïque Madelon. Quelle joie de l’entendre si loin de la France ! Elle aussi a conquis le monde et la voilà maintenant presque devenue notre second hymne national.

Dans ces dîners, et à l’heure brève du cigare, on recueille des impressions, on parle politique : il est certain que le voyage du Maréchal a lieu dans un moment favorable : le non-renouvellement de l’alliance anglo-japonaise, les événements de Washington ont grandement augmenté les sympathies du Japon pour la France ; certains vont même plus loin, comme ce rédacteur de journal qui vous démontre que, dans la quadruple entente établie à Washington, la position française aura peu d’efficacité sans la participation de l’Empire et conclut à la nécessité d’une Entente cordiale entre nos deux pays.

Dans un coin, le Président du Conseil, parlant au Maréchal, rappelle qu’il est venu autrefois en France pour y négocier un emprunt avec M. Rouvier, alors ministre des Finances : « Ce furent, ajoute le Premier japonais, une grande étape dans les bonnes relations franco-japonaises qui doivent se continuer. »

À tous ces repas officiels, des toasts ont été échangés, tous empreints des sentiments les plus sympathiques et les plus chaleureux pour la France ; ils avaient tous pour thème la nécessité de resserrer dans tous les domaines les relations franco-japonaises. Cependant, il en est un qui mérite d’être cité à cause de la netteté de ses déclarations et de la personnalité de son auteur. C’est celui du général Yamanashi, ministre de la Guerre, qui a fait toutes ses études militaires en Allemagne :