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encadre les murs tendus de soies ou de parchemins semés de poussières et de nuages d’or : le jour arrive au travers de verres dépolis ; parfois, au bout d’un corridor, un arbre nain dans un vase précieux donne l’illusion d’un lointain paysage entrevu : tout est étonnamment simple, clair et délicat.

L’ambassadeur de France à Tokyo, M. Paul Claudel, attendait le Maréchal dans un grand salon moderne ; et bientôt le grand-maître des cérémonies vient les chercher tous les deux pour les introduire dans la petite salle où le prince Hirohito reçoit debout l’envoyé de la France : une toute petite salle japonaise qui regarde par une large verrière sur un adorable jardin minuscule.

On n’a pas oublié en France la sympathique silhouette de notre hôte impérial de l’année dernière : les yeux à demi fermés derrière l’abri des lunettes donnent au jeune et timide visage un air de réflexion précoce. Le Prince porte l’uniforme d’officier de la garde avec le rouge cordon de la Légion d’honneur ; autour de lui le vicomte Makino, ministre de la Maison Impériale, le comte Chinda, chef de la Maison du Régent, et l’interprète du prince, le capitaine de vaisseau Yamamoto.

Le Maréchal s’avance seul, s’incline devant le jeune Prince qui lui tend la main, et dit :

« Monseigneur,

« Le Gouvernement de la République m’a chargé du grand honneur de rendre à Votre Altesse Impériale la visite qu’Elle a bien voulu récemment faire à la France. Je viens donc au nom de mon pays remercier Voire Altesse Impériale et Lui témoigner des sentiments de respectueuse sympathie que son séjour a fait naître parmi tous les Français qui ont eu l’honneur de La voir.

« Au cours de la Grande Guerre, les Alliés combattant côte à côte ont pu se connaître et s’apprécier davantage. L’amitié qui s’est ainsi développée entre eux est un des plus sûrs garants de la paix universelle. Tout l’effort des représentants des Nations Alliées doit tendre à rendre plus forte et plus intime celle amitié féconde et je m’estimerais heureux de penser que ma visite au Japon, auquel j’apporte le salut fraternel de la France, ait pu avoir sa part dans cette œuvre de concorde et de paix.