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Ils arrivèrent enfin dans le lointain quartier de Shinagawa où la Cour, dont le Maréchal sera l’hôte durant cinq jours, mettait à sa disposition la somptueuse villa Iwasaki, qui regarde la mer par-dessus un tendre paysage, sous la neige.


LE DÉFILÉ AUX LANTERNES
20 janvier.

Ce soir, la nuit venue, tous les alentours de la villa furent envahis par une rumeur d’une foule invisible ; et soudain, balancées et dansantes comme une armée de feux follets, des lanternes rondes, rouges et blanches remplirent la nuit : il y en avait plusieurs milliers apparues partout et subitement.

C’était l’Union des Jeunesses de Tokyo, une puissante société où se confondent toutes les classes sociales et tous les âges jusqu’à vingt ans, attachée seulement à des buts patriotiques, qui venait saluer aux lanternes le Maréchal dès sa première soirée dans la capitale.

Lorsqu’il parut dans la lumière du porche, une profonde et juvénile acclamation vint le cingler ; elle dura longtemps, pareille au murmure de la mer.

Enfin la clameur se tut pour permettre à quelqu’un d’entre eux, sur un mode enflammé, de prononcer quelques paroles ; puis, docile, la foule immense se canalisa d’elle-même et défila devant les Français, pour disparaître comme une ronde nocturne dans le profond jardin : elle chantait :

I

La France,
elle aime la vérité, elle aime la beauté,
elle propage la justice et la liberté,
elle constitue un pays d’idéal et de civilisation.
Quand résonne son nom éclatant de gloire,
le cœur de la jeunesse palpite.

II

Maréchal Joffre,
la nuit de Tokyo est brillante
de la lumière des lanternes
que porte la jeunesse de la ville
pour vous accueillir comme le héros adoré de la France.
Souhaitons longue vie au Maréchal
et vive la France !