AVEC LE MARÉCHAL JOFFRE
EN EXTRÊME-ORIENT
II[1]
AU JAPON
I
LE PREMIER SALUT
Le croiseur cuirassé Montcalm, ayant à bord le maréchal Joffre, entrait le matin du 20 janvier 1922 dans la baie de Yokohama. C’était un beau matin d’hiver frileux : la mer lisse comme un miroir avait la couleur du ciel, en sorte qu’on la confondait avec lui ; vers l’Ouest, les calmes et nobles lignes du Fujiyama vêtu de neige : sa base élargie s’effaçait dans une brume opaline qui le faisait paraître suspendu dans le ciel ; tout semblait dissous dans une lumière laiteuse ; le seul mouvement perceptible était la palpitation des mouettes autour du vaisseau.
C’est dans ce paysage immatériel, devant le symbolique volcan, que s’échangèrent, ce matin-là, les premiers saluts entre l’Empire du Soleil Levant et le croiseur qui portait l’envoyé de la France.
Le drapeau tricolore monta dans le ciel : il y parut énorme, et cette ascension fut comme un signal : d’abord, l’explosion
- ↑ Voyez la Revue du 1er avril.