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de prononcer une parole qui, dans sa concision imagée, a tout de suite fait fortune. « La fraternité franco-espagnole, a dit Don Antonio Maura, est de droit divin. El amor fraternal entre Francia y España es de derecho divino. » Le mot, lancé en présence de l’ambassadeur de France, salué par l’applaudissement unanime de l’assistance, reproduit par toute la presse, redit à S. M. Alphonse XIII, qui suit avec un intérêt bienveillant les progrès de l’Institut français, a pris toute sa signification du fait que cette semaine de Pâques est celle où le traité germano-russe a fait surgir devant la civilisation latine le plus formidable danger qu’elle eût couru depuis longtemps.


L’Institut français en Espagne est de fondation récente. Il doit sa naissance aux efforts combinés de deux de nos grandes Universités provinciales : c’est même un des plus clairs résultats de l’initiative à laquelle ont été conviées les Universités, le jour où l’autonomie leur a été rendue. En l’inaugurant, le 26 mars 1913, M. Steeg pouvait dire : « Nous ne sommes plus au temps où l’enseignement de l’antique Sorbonne se nourrissait de sa propre substance, attirait à lui la foule des étudiants étrangers et répandait sur le monde de belles connaissances qu’il demandait à la méditation plutôt qu’aux voyages. La montagne Sainte-Geneviève s’est mise en marche ; elle a découvert les provinces françaises, puis, au delà des frontières, les nations voisines, et de proche en proche les plus lointaines. L’Université de Paris a déjà pour cortège toutes nos Universités régionales, auxquelles se joindront demain toutes les écoles françaises à l’étranger. » L’Institut de Madrid est une des plus dignes d’intérêt parmi ces écoles françaises du dehors.

Deux œuvres y vivent fraternellement réunies. Celle à laquelle j’ai fait allusion jusqu’ici, est l’Œuvre d’enseignement, et se rattache plus spécialement à l’Université de Toulouse. Elle a pour objet de mettre à la portée du public espagnol un moyen commode pour tous ceux qui désirent perfectionner leur connaissance du français, s’initier de façon plus complète à la vie de chez nous, goûter plus profondément les riches formes de notre art. Aucun dessein n’est plus clair : c’est de présenter, en entière sincérité, les produits spirituels du climat de France, de les faire connaître dans leur caractère vrai.