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À L’INSTITUT FRANÇAIS
EN ESPAGNE

On a coutume de nous reprocher notre peu de curiosité pour les littératures étrangères. Je crois bien que nul reproche n’est plus immérité. Pour en faire justice, il suffirait de rappeler l’afflux d’influences exotiques qui, aux années d’avant la guerre, menaçait de nous submerger. Positivisme anglo-saxon, individualisme norvégien, religion de la souffrance humaine à la russe, théorie du surhomme à l’allemande, nous avions tour à tour accueilli, et avec quel engouement ! ces évangiles contradictoires. Seuls étaient mal vus et tenus pour suspects, les attardés qui parlaient encore au nom de la tradition et du bon sens de chez nous. Au reste, toute notre histoire littéraire est là pour prouver que notre frontière n’est pas fermée aux idées venues du dehors. Inversement, faisons-nous tout ce qu’il faudrait pour répandre au dehors l’idée française ? On peut en douter. Aussi ne saurait-on trop remercier ceux qui se consacrent à cette tâche ! On ignore trop généralement leur effort, d’autant plus utile qu’il est suivi et persévérant. Combien sommes-nous à savoir qu’il existe à Madrid un foyer de culture française en pleine activité, entouré des plus précieuses sympathies dans le pays qui lui accorde sa large hospitalité ? Invité par MM. E. et H. Mérimée à donner quelques conférences à Madrid pour le tricentenaire de Molière, j’ai vu de mes yeux fonctionner l’Institut français en Espagne : je me fais un devoir de lui apporter mon témoignage.

Une maison claire, récemment construite dans l’un des plus beaux quartiers de Madrid, à deux pas de la promenade