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à la Chambre des Communes, la nécessité pour l’Angleterre et pour la France d’agir de concert en Orient, et l’intérêt commun de ces deux Puissances à pratiquer vis-à-vis des Turcs et des Arabes une politique amicale.


LA POLITIQUE DE LA FRANCE

Favoriser le rapprochement entre Constantinople et Angora, la paix entre les Turcs et les Grecs, la restauration d’un régime de concorde et de tranquille prospérité à l’intérieur de l’Empire ottoman, telle devait être la tâche de la diplomatie française à Constantinople : la défense de notre situation et de nos intérêts, le souci de rétablir l’équilibre et la paix dans le monde, la tradition, l’opportunité et la justice s’accordaient pour recommander ce programme.

Les territoires de l’Empire ottoman ne représentent pas pour nous, comme pour les Allemands, des champs de colonisation : nous n’avons pas de population à exporter ; ni, comme pour les Anglais, une voie de communication avec un Empire lointain et difficile à défendre. La France est apparue d’abord dans le Levant comme la protectrice des chrétiens d’Occident, religieux, missionnaires, pèlerins et marchands. Les prêtres « latins » de Jérusalem, de Bethléem « et autres lieux de l’obéissance du Grand Seigneur » exercent leur ministère et desservent leurs églises sous la garantie des engagements que Soliman le Magnifique a contractés envers François Ier ; les pèlerins de tous les pays de l’Europe viennent visiter les Lieux Saints, les sanctuaires fameux de la Palestine, sous la protection du nom français ; les navires de toutes les nations, pour faire le commerce dans les mers orientales, s’abritent sous notre pavillon. Puis notre protection s’étend, au delà des Latins, aux catholiques indigènes et finalement à tous les chrétiens d’Orient, qu’ils soient ou non en communion avec Rome. Lorsque des Syriens, des Grecs, des Arméniens sont inquiétés ou persécutés par les infidèles, c’est aux ambassadeurs et aux consuls français qu’ils demandent de les protéger et de leur faire rendre justice. Telle est la souplesse, telle est la largeur de notre politique, qu’elle prend l’Empire ottoman comme il est, réunit dans une même sympathie tous les éléments qui le composent, soucieuse seulement d’y répandre la civilisation et d’y introduire un peu