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bouche en bouche en attendant les applaudissements répétés que Rose excite quand elle par le du petit enfant gros comme rien qu’elle voudrait avoir à serrer contre son cœur ! Dupuis est superbe ! Ma foi oui ! Il a l’air d’un prince ! Mais il est bon prince ! C’est un charmant garçon ! Une des scènes qui ont fait le plus d’effet est celle avec la petite bonne. Elle est tout à fait gentille, Mlle Bodin ! C’est donc une femme comme ça ! L’Histoire de la Robe ! ont produit une musique délicieuse. Mais comment ont-ils fini ? Ma foi, très bien. Dupuis prend d’abord le flambeau comme il le faisait, et désigne la porte de la chambre à coucher, pendant que Rose lui ouvre l’autre porte, en lui disant un bonsoir qu’elle dit si bien. Puis ils se rapprochent, Dupuis dépose son flambeau. Rose lui demande sur son insistance, si sa conscience ne lui reproche rien ? Ceci remplace l’état de grâce. Le venez en paix, etc., est remplacé par quelque chose comme : allons, je vois dans vos yeux que vous dites vrai et que, etc.. Alors, je crois, Dupuis l’appelle sa chère femme, en lui baisant les mains, puis il lui baise le front pendant que le rideau tombe, au milieu des applaudissements. On les rappelle et un gros bouquet tombe aux pieds de la charmante interprète. J’ai couru au théâtre pour les remercier Je n’ai vu que Dupuis qui se déguisait en vieux pour jouer Philiberte. C’est un garçon qui paraît plein de cœur. J’ai trouvé Montigny sur le théâtre, il m’a paru content. Je lui ai dit tout ce que je pensais de sa femme, et il n’est pas insensible à ces compliments-là »


Trois jours après, Eugène revient sur le triomphe de son frère. La critique a été unanimement élogieuse, mais, au lieu de lui en savoir gré, il en attribue tout le mérite à la pièce. « Hein ! ces messieurs de la critique, si pleins d’eux-mêmes, si dédaigneux pour les autres, se sont-ils assez effacés devant cette chère petite œuvre ! Ces vilains hommes, si durs, si secs, que de miel ils distillent après s’être frottés à cette fleurette ! Et que de cœur ils montrent, ces animaux si féroces et si redoutés ! Paraissent-ils suffisamment apprivoisés par la musique du style et par l’honnêteté des idées de notre cher poète ! Ce sont évidemment les méchants auteurs qui font les critiques méchants. » Il changera d’avis quand la presse sera moins bonne, car il est d’une parfaite partialité. Et il cite toute la troupe énumérée par Monselet : d’Avrigny et Edouard Thierry, Jules de Prémaray et