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Chronique 30 avril 1922

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE

L’histoire politique de cette quinzaine est toute remplie par la Conférence de Gênes. Depuis les pourparlers secrets qu’il eut à Londres, à l’automne 1921, avec MM. Rathenau et Stinnes, — pourparlers sur lesquels de singulières révélations viennent d’être publiées, — M. Lloyd George s’était convaincu que la politique des réparations, pour devenir praticable, devait être précédée ou au moins accompagnée d’une politique de restauration générale de l’Europe. Une Conférence où seraient admis, sur le pied d’égalité, tous les Etats, y compris les Allemands et les Bolchévistes, apparut dès lors à son imagination comme le seul moyen d’arriver au rétablissement d’une vie normale dans l’Europe d’après la guerre. Dans le domaine « économique et financier » qui lui était assigné, d’où elle ne devait pas sortir, et où elle a tant de peine à rentrer, la Conférence pouvait rendre des services, pourvu qu’on ne lui demandât que de préparer l’avenir. Mais les Anglais qui, se croyant à l’abri, dans leur île, des contrecoups militaires, n’aperçoivent dans la politique que les affaires, l’exportation et l’importation, dont l’impérieuse nécessité commande leur vie nationale, n’ont pas fait le départ nécessaire entre le principe raisonnable d’où découlait l’idée d’une conférence, et les manœuvres des fauteurs de désordre. Allemands et Bolchévistes, qui, dans les fluctuations de la politique européenne, ne cherchent que l’occasion d’échapper, les uns aux conséquences de leur agression et de leur défaite, les autres au châtiment de leurs crimes et de leurs folles expériences. Leur but est toujours de rejeter sur les traités toute la responsabilité de la gêne européenne. Quand M. Lloyd George disait, dans sa bonne foi : recommençons, comme avant la guerre, à produire et à échanger, ils interprétaient, eux, « comme avant la guerre, » par : en abolissant les conséquences de la